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La biométrie va protéger les cartes à puce

Les imprimeurs de papier-monnaie conçoivent leurs billets de banque comme on construisait les châteaux forts au Moyen Âge : papiers spéciaux, guillochis tortueux, fonds irisés, encres fluochromes ou variables, encres magnétiques ou gommables, micro-impressions, filigranes et autres hologrammes sont leurs douves, leurs mâchicoulis, leurs barbacanes, leurs triples enceintes. La panoplie d'armes antifaussaires qu'ils déploient font des maîtres de l'impression fiduciaire des spécialistes de la sécurité. Fabriquant plus d'un milliard de billets de banques par an pour une trentaine de pays, numéro un mondial du billet de loterie, le groupe François-Charles Oberthur a vite senti l'intérêt de la carte à puce. A l'occasion du salon Cartes 98, 13e Forum international des technologies et applications des cartes plastifiées, qui a eu lieu au CNIT Paris-La Défense du 27 au 29 octobre, Oberthur Smart Cards a présenté sa dernière invention en matière de sécurité. Smart IDea (jeu de mots combinant à la fois idea pour " idée " et ID comme abréviation anglo-saxonne d'" identification ") intègre tous les moyens de défense dérivés du billet de banque et y ajoute une puce. Celle-ci contiendra, en plus du classique code confidentiel, la photo numérisée du titulaire de la carte (à des fins de comparaison avec la photo imprimée sur le support en plastique) et, fin du fin - d'aucuns diront gadget -, intégrera la technologie biométrique basée sur l'empreinte digitale.. " Nous avons choisi la technologie de l'empreinte digitale car c'est la plus développée à travers le monde, explique Jean-Claude Brendle, responsable marketing chez Oberthur Smart Cards. Par rapport à la reconnaissance par l'iris ou par la forme de la main, c'était la solution la plus mature. " A donc été retenu un capteur thermique miniature d'environ 1 centimètre de large sur lequel il suffit de passer lentement la dernière phalange de n'importe quel doigt pour se faire enregistrer. La disposition géographique des minuties est ensuite entrée dans la puce. Pour se faire reconnaître - d'un futur distributeur automatique (DAB), par exemple -, il faudra insérer sa carte haute sécurité dans le lecteur (premier niveau de vérification), poser le doigt préenregistré sur un capteur (deuxième niveau) et taper son code (troisième niveau). Contrairement au DAB actuellement testé en Angleterre par NCR ( Le Monde du 14 juillet), qui a supprimé le code confidentiel au profit de la seule identification par l'iris, la combinaison positive de ces trois données sera nécessaire pour obtenir l'argent que vous demandez. Avec sa Smart IDea, sorte de Rolls-Royce de la carte à puce, Oberthur Smart Cards vise le marché des cartes à haute sécurité que sont les cartes nationales d'identité, les passeports et - pourquoi pas ? - la fameuse carte universelle dont beaucoup rêvent. Elle regrouperait en un seul support " paperasserie " administrative, compte bancaire, dossier médical, entrée au club de sport, abonnement au vidéoclub, etc. Et même si, a priori, personne ne pourra l'utiliser à votre place, mieux vaudra ne pas l'égarer.

(Le Monde/3/11/98)

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