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Les biocarburants de deuxième génération pourraient être compétitifs à l'horizon 2015

Produire des biocarburants coûte cher : les biocarburants ne sont rentables face au pétrole que si celui-ci a un cours très élevé (au moins 70-80 dollars/baril), ce qui n'est pas le cas actuellement. Le coût des biocarburants est calculé en tenant compte des coûts de la culture, des coûts de collecte et de transformation. Pour les rendre compétitifs face au pétrole, les biocarburants bénéficient d'une exonération partielle de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers).

Dans un modèle de calcul global tenant compte des dépenses de l'Etat (soutien aux cultures, exonération de la TIPP), du PIB de l'industrie des biocarburants et du gain de revenu des agriculteurs, le bilan coûts-avantages de la filière calculé pour 2010, avec un prix du pétrole estimé à 65 dollars/baril, est proche de zéro. Si l'on tient compte de la valeur monétaire attribuée aux réductions des émissions de CO2 (20 euros/tonne CO2), le bilan devient légèrement positif. Cependant, cette valeur qui représente actuellement le bénéfice environnemental des biocarburants pourrait être plus élevée si l'on savait chiffrer les dommages réels des gaz à effet de serre.

Compte tenu de cette analyse, les biocarburants de première génération ont apporté depuis 1993, année de leur lancement, un soutien à l'agriculture et à l'agro-industrie avant d'être une alternative énergétique immédiatement rentable pour la collectivité. Pour qu'il en soit ainsi, il faudrait que le prix du pétrole se situe durablement au dessus de 60 et 65 dollars/baril. Grâce à l'effort de recherche entrepris, les biocarburants de seconde génération, obtenus à partir des co-produits des cultures (paille de blé) ou des filières bois (produits d'élagage, sciures) puis à partir de cultures dédiées (miscanthus, triticale, taillis à courte rotation) devraient fournir une biomasse plus rentable convertible en biocarburants d'ici 10 à 15 ans.

La production des biocarburants actuels, dérivés du blé, maïs ou canne à sucre se heurtera à terme à des limites environnementales, et des scientifiques de l'Inra recherchent déjà les moyens de développer l'utilisation de la lignocellulose (bois, paille...). "Les surfaces cultivables dans le monde diminuent, et à cela s'ajoute la rareté de l'eau", a rappelé la présidente directrice générale de l'Institut national de la recherche agronomique, Marion Guillou, à l'occasion du Salon de l'Agriculture de Paris.

Face à cette situation de pénurie, il ne sera pas possible d'augmenter indéfiniment les cultures "non alimentaires", en supprimant des surfaces consacrées aux "alimentaires". Déjà, en Europe, sur un tonnage de 80 millions de tonnes d'agro-ressources, plus de la moitié (42 t) sont non-alimentaires (bois, plantes...). D'où l'importance de trouver de nouveaux outils pour utiliser au mieux la biomasse - les matières organiques produites par les végétaux et les animaux -, une richesse dont seulement 0,5 % est utilisée dans le monde.

A l'heure actuelle, les biocarburants utilisent principalement des graines oléagineuses (colza), céréalières (blé) et des tubercules (betteraves). Mais il reste un gisement très important peu exploité et n'entrant pas en compétition avec les productions alimentaires : la lignocellulose du bois, de la paille et des résidus biologiques de nos ordures. "La pérennité économique de la filière de production de bioénergie, et en particulier de carburants d'origine lignocellulosique, nécessite de mobiliser durablement de très grands volumes de biomasse sur des territoires restreints", analyse l'Inra. Une contrainte respectée notamment par la forêt.

"Il s'agit d'exploiter le gisement forestier, source numéro un de la lignocellulose", en effectuant des recherches aussi bien sur l'accroissement quantitatif de cette richesse que sur sa valorisation, note Ghislain Gosse, chercheur à l'Inra. Cet institut travaille par exemple à un système de sylviculture intensive de jeunes peupliers, avec des plantations très denses, où l'on coupe les arbres entre 6 et 8 ans, ou même 2 et 4 ans. Ces "taillis à courte rotation" permettent de récolter une quantité de biomasse "importante" : 10 à 12 tonnes de matière sèche en moyenne par hectare et par an.

Des recherches sont également effectuées sur l'utilisation de la lignocellulose de la paille de céréales, du maïs, ou celle contenue dans les cultures récoltées en plantes entières (triticale, luzerne, fétuque...), etc. Le fait d'avoir ainsi à disposition une grande diversité de plantes permettrait de disposer d'une "matière première cultivable dans toutes les régions, (...) un atout majeur en termes d'aménagement du territoire", souligne encore l'Inra, alors que le gouvernement vient d'annoncer qu'il faudra construire en France 16 usines de production de biocarburants dans les années à venir. Ces recherches, espèrent les scientifiques, permettront de gagner la bataille engagée pour trouver les sources d'approvisionnement en bioénergie nécessaires pour répondre aux objectifs de production fixés par le gouvernement: 5,75 % d'incorporation des biocarburants dans les carburants en 2008, 7 % en 2010 et 10 % en 2015.

Dans cette perspective, l'INRA participe au projet Intégré européen NILE (New Improvements for Ligno-cellulosic Ethanol), qui rassemble 21 partenaires (venant de 12 pays). L'objectif de ce projet coordonné par l'IFP est de développer un procédé viable de production d'éthanol carburant àpartir de matières premières lignocellulosiques, paille de blé et bois tendre.

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