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Alzheimer : un vaccin prometteur

La première tentative de traitement curatif de la maladie d'Alzheimer par un vaccin, interrompue prématurément en 2002, s'avère finalement prometteuse. Trois ans plus tard, le bilan de santé des patients vaccinés en Europe et aux États-Unis publié en avant-première sur le site de la revue Neurology montre une amélioration statistique de leurs fonctions cognitives.

Pour la première fois les marqueurs biologiques caractéristiques de la maladie (qui touche 800.000 personnes en France) ont reculé chez l'homme : les cinq patients décédés à ce jour avaient une réduction des dépôts amyloïdes dans leur cerveau et les chercheurs ont observé une diminution de la protéine tau, dont les dépôts dans le cerveau marquent la progression de la maladie, dans le liquide céphalorachidien des malades vaccinés. Devant ces résultats, l'ensemble des patients vaccinés a été rappelé pour effectuer de nouveaux tests neuropsychologiques, actuellement en cours.

Le même vaccin, chez la souris, permet de prévenir l'apparition de la maladie. Les nouveaux résultats confirment le rôle néfaste joué par l'accumulation du peptide A bêta chez l'homme. Dans les années 1990, les soupçons s'étaient resserrés sur la responsabilité de ce peptide dans le déclenchement de la maladie. Sa production anormale était à l'origine des dépôts amyloïdes qu'Aloïs Alzheimer avait notés chez les malades au début du siècle dernier.

En 2000, deux équipes américaine et canadienne montrent avec d'autres modèles de souris transgéniques mimant la maladie que la vaccination de Schenk supprime l'apparition des troubles cognitifs associés. Pour passer à l'homme, la société Elan entame alors une collaboration avec le laboratoire pharmaceutique américain Wyeth. Un premier essai clinique de phase II chez l'homme conduit en Angleterre est un succès, les 80 patients supportent sans problème la vaccination et le quart d'entre eux produit bien des anticorps. Fin 2001, Elan et Wyeth lancent un essai clinique de l'efficacité thérapeutique du vaccin auprès de 372 patients répartis en Europe et aux États-Unis. Il est malheureusement interrompu trois mois plus tard car certains malades vaccinés présentent des méningo-encéphalites.

Mais au moment où le projet de vaccination paraît compromis, une nouvelle va cependant ranimer la foi des chercheurs. Car le décès de l'une des patientes de l'étude anglaise a permis l'autopsie de son cerveau. Et là, surprise, comme chez les souris, certains dépôts amyloïdes ont disparu des zones corticales. L'effet du vaccin observé chez l'animal était donc bien reproductible chez l'homme. Ce premier essai clinique de vaccination a tourné court mais ses résultats dévoilés dans la revue Neurology sont néanmoins inestimables. "Le concept thérapeutique de la vaccination est validé car les effets observés chez les malades sont proportionnels à leur quantité d'anticorps contre le peptide A bêta," souligne Jean-Marc Orgogozo. Elan et Wyeth ont déjà entamé l'essai clinique d'un nouveau vaccin qui devrait être dépourvu d'effets secondaires. Cent ans après la découverte de la maladie d'Alzheimer les chercheurs viennent donc d'effectuer une percée thérapeutique décisive.

Neurology

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