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Trop de fibres optiques nuit aux télécoms

Recemment l'opérateur Global Crossing est passé des sommets de la Bourse, où il avait été valorisé jusqu'à plus de 50 milliards de dollars (58 milliards d'euros)... au tribunal de commerce, dans le cadre de la faillite la plus retentissante du monde des télécommunications. Un autre opérateur de réseau global, Level 3, a lui aussi reconnu qu'il risquait de ne pas pouvoir honorer ses engagements financiers. Dans le monde des télécoms, la cause des déboires de ces opérateurs porte un nom : le « fiber glut », la surabondance de fibres optiques installées à travers le monde. La plupart des experts s'accordent à dire que seulement 3 à 5 % de la fibre posée pour les réseaux mondiaux est « allumée », c'est-à-dire utilisée pour faire transiter des communications, le reste étant constitué de fibres inertes. « Mais sur certaines routes, le taux d'usage est inférieur , relève Stephen Young, analyste chez Ovum. Je connais un tronçon entre deux villes en France où une seule fibre a été allumée sur cent installées. » Le surcoût lié aux fibres inertes est certes faible - une fois l'installation effectuée, la dépense liée au placement de chaque fibre supplémentaire est quasi nulle. Mais ce n'est pas le cas des fibres en exploitation, qui nécessitent la mise en place d'équipements coûteux. Ainsi, les câbles sous-marins reliant l'Amérique à l'Europe étaient ceux sur lesquels les opérateurs de réseaux mondiaux comme Global Crossing misaient le plus. « Mais, compte tenu de l'excès d'offre sur la route transatlantique, seulement 5 % des fibres allumées génèrent du chiffre d'affaires », estime Jean-Charles Doineau, analyste à l'Idate. Comment un tel décalage entre l'offre et la demande a-t-il pu voir le jour ? Première explication : ces réseaux ont été construits avec la certitude que le trafic sur Internet allait croître de façon exponentielle. Ce fut certes le cas entre 1998 et 1999 où il a crû de 50 % par an sur la route transatlantique. Mais, aujourd'hui, la hausse du volume de communications s'est tassée pour atteindre de 15 à 20 % par an, indique Jean-Charles Doineau. Des relais de croissance comme l'accès haut débit, la vidéo à la demande ou l'accès distant aux logiciels (ASP) n'ont pas décollé aussi vite que prévu. Qui plus est, l'introduction de la technologie de multiplexage dense en longueurs d'onde (« Dense Wavelength Division Multiplexing », DWDM) a permis de faire transiter jusqu'à 200 canaux d'information sur une même fibre, démultipliant la capacité des réseaux installés. En outre, le caractère incontrôlable du réseau a aussi joué les trouble-fête. Contrairement à un réseau propriétaire reliant deux communications d'un point à un autre, une connexion Internet de Paris vers New York peut transiter par Johannesburg s'il s'agit de la voie la plus rapide au moment où elle est effectuée. Difficile donc de prévoir le trafic effectué sur une voie précise comme la route transatlantique. « Actuellement, sur chaque appel d'offres pour de la bande passante, il y a une trentaine de concurrents qui se battent », déplore un expert. Résultat de la surabondance de l'offre, le prix de la bande passante a chuté de 70 % en 2000 selon le cabinet Analysys, une baisse qui s'est poursuivie en 2001. Dans une étude où il prévoyait des surcapacités, Ovum estimait que si l'offre de capacité des réseaux transatlantiques restait stable entre 2000 et 2005, elle finirait ensuite par s'équilibrer avec la demande.

Les Echos :

http://hightech.lesechos.fr/

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