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Sous le CERN, Atlas va détecter l'antimatière

A cent mètres sous terre, à la frontière franco-suisse près de Genève, des ouvriers s'affairent pour aménager une gigantesque caverne de béton: c'est le repaire d'Atlas, un détecteur qui doit percer les mystères du "big bang" et de l'antimatière.A la surface, le CERN (organisation européenne pour la recherche nucléaire) bruisse de vie, véritable cité dans la cité, avec ses 2.500 employés. Les travailleurs frontaliers qui passent en voiture le long de ses grilles sont loin de soupçonner l'existence de cette caverne, digne des romans de Jules Verne. Atlas --une machine de 22 mètres de haut, 44 mètres de long-- ne portera pas la voûte du ciel mais livrera ses secrets dans les entrailles de la terre. Elle est au centre du projet phare du CERN, le grand collisionneur de hadrons LHC. Pour l'heure, dans un immense hangar, ses différentes pièces sont mises au point et ajustées. Dans la caverne, les marteaux résonnent et des engins de chantiers géants sont descendus par deux puits de 18 mètres et 12 mètres de diamètre. C'est là qu'en 2007, les particules entreront en collision à une vitesse proche de celle de la lumière, permettant aux scientifiques d'ouvrir une fenêtre sur les premiers instants de l'univers. La caverne -- 30 mètres de largeur, 35 mètres de hauteur, 55 mètres de longueur -- est une des plus grandes du monde à être construite dans la mollasse (marnes et grès). Elle sera livrée fin avril au CERN par un consortium de sociétés, pour un coût d'environ cent millions de francs suisses (68 M EUR), explique l'ingénieur autrichien Hubert Rammer. Les murs de béton ont deux mètres d'épaisseur, et la dalle cinq mètres, à l'épreuve des séismes et des pressions de la mollasse qui a tendance à gonfler. "Les dimensions de cette chambre sont à la limite technique de ce qu'on peut exécuter dans ce type de terrain", explique M. Rammer. Les deux puits ont été construits pour faire descendre une centaine de pièces qui doivent être assemblées pour constituer Atlas. On a installé au-dessus un pont roulant assez résistant pour porter la plus grosse pièce d'Atlas, qui pèse 280 tonnes. Ils seront rebouchés par d'immenses dalles de béton, pour empêcher les radiations. La caverne d'Atlas est reliée à un tube de 4,4 mètres de diamètre sur 27 Km qui serpente sous le pays de Gex, de l'autre côté de la frontière. C'est à cet endroit que passera le LHC, comme le faisait l'ancien accélérateur de particules LEP. Un système d'aimants supraconducteurs entourant Atlas et trois autres détecteurs déviera les trajectoires des particules éphémères, permettant d'en mesurer la charge et l'impulsion. Ces autres détecteurs s'appellent CMS, ALICE et LHC-B. Le détecteur à "pailles" d'Atlas est formé de tubes très fins, dans l'axe desquels un fil captera les signaux émis par le passage des particules. Le détecteur permettra de suivre les particules émergeant des collisions. 35 pays, dont la Russie, l'Inde, la Chine et Taïwan, participent à ce programme. Le LEP, le "grand collisionneur électro-positon", avait fonctionné de 1989 à 2000. Il sera remplacé par le LHC, un projet qui coûtera au CERN près de 2,27 milliards d'euros. Les nouveaux détecteurs fourniront 20 fois plus de données que les plus grands détecteurs du CERN, soit environ 10 millions d'informations à chaque collision. Plus de cent ans après la révolution qu'a constituée la découverte des électrons, le LHC vise à compléter la photo de famille des particules, et à retrouver l'antimatière existant à l'époque du big bang en quantités égales avec la matière. Des milliers de physiciens et d'ingénieurs du monde entier travaillent sur le LHC et ses détecteurs. 1.700 physiciens de 150 universités et laboratoires collaborent au seul projet Atlas. Les données expérimentales obtenues seront ensuite examinées dans des instituts à travers le monde.

AFP : http://fr.news.yahoo.com/030327/202/34auf.html

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