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La recherche médicale aux Etats-Unis: argent public pour équipes privées

La recherche médicale américaine est assise sur un colossal budget public qui approchera les 30 milliards de dollars en 2005, dont l'essentiel sera distribué au mérite, à des équipes de chercheurs répartis dans tout le pays et à l'étranger, ont expliqué à l'AFP les responsables des Instituts nationaux de la santé (NIH).Interrogé sur les caractéristiques de la recherche médicale aux Etats-Unis, par rapport à d'autres pays comme la France où les scientifiques protestent contre les restrictions budgétaires, le Dr Elias Zerhouni, directeur des NIH, a qualifié le système américain de "beaucoup plus concurrentiel". La situation financière n'y est pas aussi tendue puisque les Etats-Unis "financent davantage la recherche biomédicale par tête d'habitant que l'Europe ou le reste du monde", avec un budget prévisionnel pour 2005 de 28,8 milliards de dollars "qui représente la moitié du budget fédéral consacré à la recherche" aux Etats-Unis, a poursuivi M. Zerhouni. "En combinant ces deux éléments (concurrence et engagement financier) nous obtenons un système plus ouvert et plus réactif aux opportunités scientifiques", selon le responsable des NIH, plus grand centre mondial de la recherche médicale situé à Bethesda (Maryland), près de Washington. Pour M. Zerhouni "il existe des différences fondamentales entre les systèmes américain et européens. Ici, 90% de la recherche (médicale) est menée au sein d'Universités et 10% aux NIH". En conséquence, "seulement 6.000 des 217.000 chercheurs du pays reçoivent un salaire du gouvernement, tous les autres dépendent d'un financement soumis à la concurrence". En outre, "chaque financement est soumis à un contrôle par des pairs, c'est inscrit dans la loi", a souligné le patron des NIH en prenant l'exemple d'un de ses amis, "qui a reçu le prix Nobel cette année". "J'étais à la cérémonie à Stockholm et il se plaignait que sa demande de financement avait été refusée par le NIH. Mais nous refusons même des lauréats du Nobel, si la recherche proposée n'est pas assez bonne". Michael Gottesman, directeur-adjoint des NIH, qui a la haute main sur les 10% du budget consacrés à la recherche intra-muros, évoque la tendance européenne à financer plus lourdement des laboratoires publics où les chercheurs sont des fonctionnaires. "Le système n'est pas nécessairement meilleur ou moins bon, mais l'une de ses conséquences est la procédure par laquelle on décide qui obtient un financement et qui n'en obtient pas. Ici, au sein des universités, les fonds sont accordés pour quatre ans dans le cadre d'une procédure concurrentielle. Si la subvention n'est pas renouvelée, le soutien disparaît", a souligné le Dr Gottesman. Pour lui, "dans un système où tout le monde est financé dans le cadre d'un système public, les programmes sont sûrs de durer et la capacité à rediriger l'argent pour garantir qu'il finance les meilleures recherches est limitée. C'est l'un des problèmes du CNRS (Centre national de la recherche scientifique, en France), l'incapacité à s'adapter", a ajouté le Dr Gottesman. Le Dr Zerhouni, né en Algérie et qui connaît bien le système français, estime que la crise en France "doit pouvoir se régler par le débat. La recherche française a un passé extraordinaire, elle s'appuie sur des chercheurs exceptionnels, nous en accueillons actuellement 116 aux NIH, et ils sont parmi les meilleurs". Mais pour lui, il est capital de "mener un débat juste et ouvert en s'assurant que la science ne soit pas politisée". Le patron des NIH convient cependant qu'au Etats-Unis aussi, la frontière est parfois difficile à tracer, comme dans le débat sur les cellules souches embryonnaires, qui oppose certains chercheurs à l'administration du président George W. Bush.

AFP : http://fr.news.yahoo.com/040312/202/3oxss.html

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