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Edito : Pourquoi hésiter ? Une transition énergétique mondiale rapide est non seulement possible mais rentable !
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AVANT PROPOS : LA QUATRIÈME CAMPAGNE ANNUELLE DE DONS POUR SAUVER RT FLASH EST OUVERTE
J'ai créé en 1998 RT Flash, Lettre électronique hebdomadaire dédiée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies. Fait unique en France, depuis si longtemps (24 ans), cette Lettre a toujours été gratuite et n'a jamais accepté de publicité. C'est, à notre connaissance, la seule source française d'informations entièrement gratuite que les enseignants peuvent recommander à leurs élèves ou étudiants sans craindre d'être accusés de promouvoir un média commercial. Cette position originale a incité les grands instituts français de Recherche (CNRS, INSERM, CEA, INRIA, CNES, IFREMER) à apporter, chaque année, pendant 20 ans, une petite subvention de 2.500 à 5.000 euros à l'Association ADIST qui depuis l'origine gère RT Flash. Mais en 2018, sur demande de BERCY, ces organismes publics ont cessé d'apporter leur subvention annuelle, le Trésor ayant jugé qu'il n'était pas dans la mission de ces organismes publics de Recherche de subventionner RT Flash.
RT Flash ayant besoin de trouver 15.000 à 20.000 € chaque année pour son fonctionnement général (je vous rappelle que tous les rédacteurs et votre serviteur sont entièrement bénévoles depuis l'origine de la Lettre), j'ai pris la décision de me tourner vers vous, chers lecteurs de RT Flash.
Pour ces campagnes de dons, j'ai confié cette tâche à HELLO ASSO qui a fait un sans faute pendant les 3 premières campagnes. Il est important de choisir un bon partenaire car c'est cet organisme qui fera parvenir à tous les donateurs un certificat qui leur permettra de demander au Trésor Public une réduction d’impôts significative de 66 % du montant de leur don, lors de leur prochaine déclaration de revenus. En effet, en raison de son comportement exemplaire, totale gratuité des services rendus, l'ADIST qui gère RT Flash a reçu la qualification d'association d’intérêt général. Ainsi, les dons qui sont fait à notre association ADIST ouvrent droit à une réduction fiscale de 66 % en respect des articles 200 et 238 du Code Général des Impôts.
Chaque année, depuis 4 ans, je fais appel à vos dons, et sans cet argent apporté par nos lecteurs, notre Association n'ayant aucun actif et aucune réserve, disparaîtrait et donc RT Flash ne pourrait plus être mise en ligne. C'est pourquoi nous osons donner à ces campagnes un titre très abrupt : "CAMPAGNE ANNUELLE DE DONS POUR SAUVER RT FLASH"
L'avenir de RT Flash dépend bien de vous, chers lecteurs.
René Trégouët
Sénateur Honoraire
Créateur du Groupe de Prospective du Sénat
Rédacteur en Chef de RT Flash
Si vous voulez aider RT Flash, Lettre d'informations scientifiques et technologiques, gratuite et sans publicité depuis 1998, appuyez sur le lien suivant : Faites un DON pour sauver RT Flash, vous bénéficierez d’une réduction fiscale de 66 %
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EDITORIAL :
Pourquoi hésiter ? Une transition énergétique mondiale rapide est non seulement possible mais rentable !
Les chiffres sont implacables : en dépit d’une réduction éphémère des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), qui ont chuté de 5,4 % en 2020, pandémie de Covid-19 oblige, les émissions de CO2 liées à la combustion d’énergies fossiles ainsi que de l’industrie et des cimenteries sont repartis à la hausse en 2021, pour atteindre 36,4 milliards de tonnes en 2021, contre 34,8 milliards en 2020. Et si l’on tient compte des émissions liées à la déforestation et à l’agriculture, on arrive à 39 milliards de tonnes de CO2 émis en 2020, soit une augmentation de 40 % depuis 1990 (Voir Copernicus). Or, il faut rappeler que, pour espérer limiter le réchauffement à 2°, alors que la température moyenne mondiale a déjà augmenté de 1,1° depuis un siècle, il faudrait dès à présent inverser l’évolution actuelle, et diminuer de 5 % par an nos émissions de CO2, un objectif qui semble de plus en plus difficile à atteindre…
Le rapport publié le 19 septembre dernier par le Carbon Tracker et Global Energy Monitor (Voir Carbon Tracker) souligne pour sa part que les réserves d’énergie fossile restant dans le sol représentent 3 500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES), soit plus que toutes les émissions produites depuis la révolution industrielle, et surtout, plus de sept fois le budget carbone de 580 gigatonnes (soit 15 années d’émissions au rythme actuel) prévu pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle.
Il est par ailleurs bien établi sur le plan scientifique qu’il existe un fort lien de causalité entre l’accélération du dérèglement climatique et les événements catastrophiques qui ont affecté l’ensemble de la planète depuis le début de l’année, inondations, sécheresses sans précédent et canicules à répétition, notamment en Europe, dont nous avons tous pu mesurer l’ampleur et la durée.
Pourtant, même si la puissance installée des énergies renouvelables progresse en moyenne de 10 % par an, et que les deux tiers, des nouvelles capacités ont un coût inférieur à celui des énergies fossiles (charbon compris), les énergies vertes ne représentent encore que 12 % de la production mondiale d’énergie (14,5 gigatonnes d’équivalent-pétrole en 2020) et à peine un tiers de la production mondiale d’électricité (27 500 TWh en 2020). Selon la plupart des experts, cette consommation mondiale d’énergie risque encore d’augmenter de 50 % d’ici 2050, notamment à cause de la croissance démographique mondiale annoncée (deux milliards d’habitants en plus sur la planète), mais également sous l’effet du développement économique des géants asiatiques que sont la Chine et l’Inde.
Dans un tel contexte, la nécessaire transition énergétique mondiale, qui doit nous mener à une sortie quasiment complète des énergies fossiles à l’horizon 2050, peut apparaître comme un objectif inatteignable, tant elle implique un effort gigantesque et coûteux, puisqu’il va falloir multiplier par plus de dix, en moins de trente ans, la puissance éolienne et solaire installée, ainsi que la production d’hydrogène vert, dans un scenario qui suppose la part de l’hydraulique et du nucléaire constante, pour parvenir à satisfaire la demande mondiale d’énergie, tout en réduisant de 80 % nos émissions de CO2 en 2050, pour retomber, à cette échéance, en dessous des 10 gigatonnes émises par an, soit une tonne par terrien, contre cinq tonnes aujourd’hui.
En juin dernier, l’Université de Stanford a publié une étude très instructive, intitulée, « Des solutions abordables pour lutter au niveau mondial contre le réchauffement climatique ». Ce vaste travail dirigé par un chercheur de réputation international, le Professeur Mark Jacobson, montre comment 145 pays pourraient couvrir la totalité de leurs besoins habituels grâce aux énergies éolienne, hydraulique et solaire ainsi qu’au stockage de l’énergie. D’après cette étude, dans tous les pays analysés, le faible coût de l’énergie produite ainsi que d’autres avantages permettent aux investissements nécessaires à la transition d’être remboursés en six ans. Elle estime en outre que, au niveau mondial, une telle transition créerait 28 millions d’emplois de plus qu’elle n’en détruirait. (Voir étude complète de 118 pages et résumé).
À mesure que les énergies renouvelables gagnent du terrain dans le mix énergétique mondial, et que des objectifs sont fixés pour poursuivre leur développement, des craintes s’élèvent concernant les coûts engendrés par ce changement radical dans nos systèmes énergétiques. Par ailleurs, l’intermittence de l’éolien et du solaire fait redouter l’insuffisance de l’approvisionnement et d’éventuelles coupures d’électricité.
Les dernières modélisations de systèmes énergétiques réalisées par le chercheur Mark Jacobson, de la Stanford University, montrent pourtant que dans 145 pays, la transition vers une énergie reposant entièrement sur l’éolien, l’hydraulique, le solaire et le stockage serait rentable en six ans, et coûterait même moins cher à terme que de conserver les systèmes énergétiques actuels. « Au niveau mondial, l’association éolien-hydraulique-solaire permet de réduire de 56,4 % l’énergie fournie, de 62,7 % les coûts énergétiques privés annuels (de 17,2 à 6,4 billions d’euros par an), et de 92 % les coûts sociaux, sanitaires et environnementaux annuels de l’énergie (de 80,5 à 6,4 billions d’euros par an) pour un coût en valeur actuelle de l’ordre de 66 000 milliard de dollars. L’association éolien-hydraulique-solaire nécessite en effet bien moins d’énergie, moins coûteuse et crée davantage d’emplois que le maintien du système actuel », précise l’étude.
Le modèle de Stanford prend en compte des pays supplémentaires, des données plus récentes sur la consommation énergétique dans toutes les régions, ainsi que des calculs permettant d’intégrer les incertitudes liées au prix futur du stockage de l’énergie par batterie, et le développement de nouvelles technologies prometteuses, telles que le vehicle-to-grid qui consiste à utiliser les batteries du parc de véhicules électriques de plus en plus nombreux, pour stocker l’électricité excédentaire issue des énergies renouvelables et la restituer lors des pics de demande. L’étude souligne également que cette transition créerait 28 millions d’emplois de plus qu’elle n’en détruirait.
Néanmoins, si l’étude démontre clairement qu’une transition vers une énergie 100 % renouvelable est possible à la fois sur le plan technique et économique, Mark Jacobson prévient que de nombreuses incertitudes subsistent. « L’une des plus importantes concerne l’existence d’une volonté politique suffisante pour mettre en place une transition à un rythme assez rapide », souligne le chercheur, qui ajoute, « Si la volonté politique est au rendez-vous, passer à une énergie totalement propre et renouvelable à l’échelle mondiale devrait réduire considérablement les besoins énergétiques, les coûts, la mortalité due à la pollution de l’air, le réchauffement climatique en cours, ainsi que l’insécurité énergétique, tout en créant des millions d’emplois pérennes. »
Dans son étude, Jacobson se fait un ardent défenseur de la voiture électrique, dont l’efficacité énergétique est, selon lui, remarquable et sous-estimée. Il remarque qu’un gallon d'essence (3,8 litres) procure une énergie équivalente à celle d'une batterie de 33,7 kWh. De nombreuses voitures électriques ont aujourd'hui une autonomie de 300 miles (500 km) ou plus, ce qui signifie qu'elles peuvent parcourir cette distance avec l'équivalent de 3 gallons d'essence (11,4 litres). Une LEAF de première génération, avec sa batterie de 24 kWh, était si efficace qu'elle pouvait déjà parcourir environ 80 miles (144 km) avec l'équivalent d'environ 0,8 gallon d'essence (3 litres).
Ce chercheur souligne qu’un moteur à combustion interne typique a un rendement de 25 %, maximum, ce qui signifie que les trois quarts du carburant embarqué et payé est en fait gaspillé sous forme de friction ou de chaleur. En revanche, une voiture électrique est efficace à plus de 80 %, ce qui explique son efficacité énergétique sans pareil. « Alors que notre planète affronte un réchauffement climatique sans précédent depuis trois millions d’années, combien de temps encore pouvons-nous nous permettre d'être aussi prodigues avec notre consommation d'énergie ? Payeriez-vous 100 $ pour un costume qui ne vaut que 25 $ ? Bien sûr que non, et pourtant chaque fois que les gens font le plein d'essence, ils gaspillent les trois quarts de l'énergie qu'ils ont payée », ajoute Jacobson.
L’étude souligne que le problème est similaire lorsque l'on considère la production thermique d'électricité. « La quantité d'énergie gaspillée dans le processus est tout simplement stupéfiante, et pourtant nous continuons à produire de l'électricité de cette façon parce que c'est ce à quoi nous sommes habitués et que nous ne voyons pas d'autre moyen », souligne l’étude.
Autre facteur fondamental, souvent ignoré, le vent et le soleil sont gratuits. Une fois que les infrastructures de captage sont construites, le coût de l’énergie (hors entretien des installations) est nul. Bien sûr, souligne l’étude, ces équipements devront être entretenus et remplacés au fil du temps, tout comme les réseaux électriques et les centrales thermiques. Mais le coût de l’énergie restera gratuit pour l’éternité, tandis que le prix des énergies fossiles évoluera de manière inéluctable à la hausse, non seulement à cause de l’épuisement inévitable des ressources facilement exploitables, mais également, on le voit bien actuellement avec l’impact mondial de la guerre en Ukraine, à cause des crises et instabilités géopolitiques.
Dans la conclusion de leur étude, Jacobson et ses collègues de recherche déclarent : « La transition vers 100 % d'énergies renouvelables dans 145 pays pourra à la fois réduire considérablement les besoins énergétiques, au moins de 56 % et les coûts sociaux qui en découlent, au moins de 92%, tout en créant environ 28 millions d'emplois à temps plein à long terme de plus que perdus. Une économie à 100 % d'énergies renouvelables n'utiliserait que 0,5 % de la superficie des 145 pays ».
Cette étude de Stanford est à mettre en parallèle avec un autre travail passionnant réalisé sous la direction du professeur Doyne Farmer, de l’Université d’Oxford, et publiée le 13 septembre dernier (Voir Cell), sous le titre "Prévisions technologiques empiriquement fondées et transition énergétique".
Cette étude souligne que, même sans tenir compte des avantages immenses pour le climat ou la santé, une transition volontariste vers un système énergétique totalement décarboné d’ici à 2050 serait bénéfique sur le plan économique. Parmi les énergies renouvelables, cette publication en retient quatre : le solaire, l’éolien, les batteries et l’hydrogène vert. L’avantage des projections menées par l’Université d’Oxford est qu’il s’agit d’un modèle probabiliste qui repose sur des données empiriques, c’est-à-dire issues du terrain. L’étude contient ainsi 45 ans de coûts de l’énergie solaire, 37 ans de coûts de l’énergie éolienne, 25 ans de données sur le stockage des batteries.
L’étude présente trois scénarios : le premier imagine un monde qui reste dominé par les énergies fossiles; le deuxième une transition lente et le dernier, une transition rapide. Ce troisième scénario vise une économie mondiale décarbonée en 2050, avec une production mondiale d'énergie essentiellement assurée par des sources renouvelables. Selon l'étude, ce scenario entraînerait in fine une économie de 12 000 milliards de dollars, par rapport au système actuel reposant sur les énergies fossiles, à la fois néfaste pour le climat, l'environnement et la santé humaine. Un scénario additionnel a aussi été imaginé par l’étude, dans lequel le nucléaire joue un rôle prépondérant dans le remplacement des énergies fossiles. Mais ce scénario est jugé plus coûteux que ceux basés essentiellement sur des sources d’énergie renouvelables. L’énergie nucléaire concernait fin 2021 33 pays dans le monde, avec 436 réacteurs en exploitation. Le nucléaire a donc sa place dans le mix énergétique pendant la transition, mais l’étude considère néanmoins que le passage aux énergies renouvelables reste l’objectif à privilégier à long terme.
Rupert Way, l’un des auteurs de ce travail, regrette que les précédents modèles aient surestimé les coûts de la transition énergétique, au point de dissuader certaines entreprises d’investir. « Il y a quelques années seulement, on estimait que l’objectif zéro émission d’ici à 2050 était si coûteux qu’il était à peine crédible, mais aujourd’hui, même les modèles les plus pessimistes admettent que cet objectif est tout à fait réalisable », précise-t-il. Le Dr Way rappelle que les coûts des énergies vertes ont largement diminué, depuis 10 ans, de façon bien plus rapide que ce que prédisaient ces modèles. « Notre étude indique que le déploiement de plus en plus poussé des technologies vertes continuera de faire baisser leurs coûts, et plus nous irons vite, plus nous économiserons d’argent. Accélérer la transition vers les énergies renouvelables est maintenant le meilleur choix non seulement pour la planète, mais aussi pour nos économies qui pourront ainsi bénéficier d’un accès sécurisé et abordable à l’énergie dont le monde aura besoin pour satisfaire ses besoins ».
Cette étude rappelle que le coût de l’énergie solaire a diminué deux fois plus rapidement que les projections les plus ambitieuses, ce qui démontre que, depuis 20 ans, les anciens modèles ont gravement surestimé les coûts prévisibles des principales technologies de production d’énergie propre. « Il y a une conception erronée voulant que pour passer à de l’énergie propre, il faudra consentir à des sacrifices douloureux et coûteux pour tous, mais c’est simplement faux », mentionne le professeur Doyne Farmer, qui a dirigé l’équipe de recherche.
Le professeur Farmer conclut son travail en expliquant que « la planète fait simultanément face à des crises d’inflation, de sécurité nationale et du climat, toutes provoquées par notre dépendance envers des combustibles fossiles coûteux, non sécuritaires et aux prix volatils. Cette étude démontre que des politiques ambitieuses visant à accélérer de façon importante la transition vers un futur énergétique propre dès que possible sont non seulement nécessaires pour des raisons climatiques, mais peuvent permettre d’économiser des milliers de milliards de dollars en coûts énergétiques futurs, ce qui nous permettra d’obtenir un futur plus propre, plus abordable et plus sécuritaire ». Il faut définitivement tordre le cou à l’idée fausse et répandue selon laquelle le passage à une énergie propre et verte aura un coût financier insupportable pour nos sociétés, car cette idée est tout simplement fausse ».
Le dernier rapport de la Commission Mondiale pour l’Economie et le Climat estime, pour sa part, qu’une action ambitieuse en faveur du climat pourrait générer 26 000 milliards de dollars de gains économiques d’ici 2030. Selon cette étude, la transition vers une économie bas carbone et résiliente pourrait entraîner une augmentation des recettes publiques estimées à 2800 milliards de dollars par an, grâce à une réforme des subventions et de la tarification du carbone (Voir The New Climate Economy). La Commission demande ainsi à tous les acteurs, privés comme publics, d' « accélérer l'investissement dans les infrastructures durables » avec pour objectif « d'investir au moins 100 milliards de dollars par an ».
Au niveau mondial, les coûts du solaire ont été divisés par quatre en dix ans ; ceux de l’éolien par deux. En France, le tarif pour les centrales solaires est passé de 300 à 55 euros le MWh en dix ans. Pour l’éolien, les tarifs d’achat de l’éolien terrestre sont passés de 86 euros à 2010 à 59 euros aujourd'hui. Le coût de production de l’électricité issue de l’éolien marin est descendu pour sa part à 60 € le MWh, raccordement compris. A ce rythme, l’électricité issue des énergies renouvelables sera dans moins de cinq ans moins chère que celle de n’importe quelle énergie fossile, mais également moins chère que l’électricité issue du nucléaire. Cette baisse continue et très importante du coût des énergies renouvelables a été également confirmée par une étude de BloombergNEF (BNEF), qui montre que le photovoltaïque et l’éolien terrestre sont désormais les sources les moins chères de production de nouvelles constructions pour au moins les deux tiers de la population mondiale.
Selon un nouveau rapport publié en juin dernier par le Global Turning Point Report de Deloitte, un réchauffement climatique non maîtrisé de trois degrés coûterait à l'économie mondiale 178 000 milliards de dollars au cours des 50 prochaines années, soit une réduction de 7,6 % du produit intérieur brut mondial d'ici 2070. Cette étude prévient qu’une telle hausse des températures entraînerait des pertes considérables d'emplois et de productivité, des pénuries de nourriture et d'eau, ainsi qu’une régression de la santé et une diminution sans précédent (hors conflit mondiaux) du niveau de vie général de la population mondiale (Voir Deloitte).
Cette étude très sérieuse a le mérite de montrer que le coût global, économique, social et humain de l’inaction climatique et énergétique serait infiniment plus lourd pour notre planète que l’effort financier public et privé, très bénéfique à terme pour toute l’humanité, à consentir pour réaliser une mutation énergétique mondiale vers des énergies propres et décarbonées.
Je voudrais enfin souligner un dernier point qui me semble essentiel : cette transition énergétique d’une ampleur et d’une rapidité sans précèdent dans l’histoire humaine, peut et doit devenir un moteur extraordinaire d’innovation scientifique et technique, dont les immenses retombées déborderont largement, j’en suis convaincu, le seul domaine de l’énergie et auront des effets positifs sur l’ensemble de nos sociétés, dans tous les domaines, travail, transports, médecine, habitat, alimentation… A nous de savoir transformer cet immense défi du changement climatique et de la transition énergétique en formidable opportunité de progrès et d’amélioration des conditions de vie pour l’ensemble des habitants de notre Terre.
René TRÉGOUËT
Sénateur honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
e-mail : tregouet@gmail.com
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