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Nucléaire : les scientifiques planchent sur les réacteurs de demain

Sortir progressivement du nucléaire, diminuer son poids ou parier à long terme sur cette énergie : la question sera au centre du débat national sur les énergies, qui s'ouvre mardi à Paris, mais d'ores et déjà, les scientifiques planchent sur les réacteurs qui équiperont les centrales nucléaires de demain. Le premier réacteur destiné à la production d'électricité, à la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), a été raccordé au réseau en 1977. Le gros des 58 réacteurs en service dans les 19 centrales françaises date des années 80. "C'est un parc jeune, avec un âge moyen des réacteurs de 17 ans", souligne Patrice Bernard, directeur du développement au Commissariat à l'énergie atomique (CEA). "Aujourd'hui, la question est de savoir quelle stratégie adopter pour le renouvellement de ce parc", ajoute le scientifique. Beaucoup des pièces qui composent un réacteur peuvent être changées au fur et à mesure de l'usure, à l'exception de deux composants essentiels : la cuve, qui constitue le coeur du système et où se trouve le combustible, et l'enceinte de confinement, qui entoure le réacteur. C'est l'usure de ces deux composants essentiels, double barrière contre les radiations, qui détermine le vieillissement d'un réacteur. Tous les dix ans, l'Autorité de sûreté, le "gendarme du nucléaire", donne le feu vert pour la poursuite de l'exploitation au terme d'une visite approfondie. Aux Etats-Unis, l'Autorité de sûreté américaine (NRC) a donné le feu vert pour une exploitation de certains réacteurs sur soixante ans. "En France aujourd'hui, EDF table pour ses réacteurs sur une durée de vie d'au moins 40 ans", précise Daniel Quéniart, de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Ce qui implique de jeter les bases d'un renouvellement du parc nucléaire vers les années 2017-2020. Pour succéder aux réacteurs actuellement en fonctionnement si le choix du nucléaire est confirmé, les scientifiques planchent sur les réacteurs dits de troisième et quatrième génération. L'EPR (European Pressurised water Reactor/Réacteur européen à eau sous pression), projet franco-allemand développé par Siemens et Framatome, attend un feu vert du gouvernement. Un premier prototype pourrait être connecté au réseau vers 2010-2012. "Si tout va bien, on est dans les temps, mais il faudrait construire un prototype sans trop tarder", selon Daniel Quéniart. Conçu dès l'origine pour une durée de vie minimale de 60 ans, ce réacteur de nouvelle génération utilise une technique déjà éprouvée, celle des réacteurs à eau légère, la plus répandue dans le monde. Avec, assurent ses concepteurs, une meilleure utilisation du combustible, une démultiplication des systèmes de sûreté et une moindre production de déchets. A plus long terme, pour remplacer cette troisième génération en France vers la fin du siècle, rajeunir le parc d'autres pays ou équiper des économies émergentes, les experts d'une dizaine de pays mènent des recherches sur une quatrième génération de réacteurs qui pourraient être déployés à partir de 2030. Objectifs : réduire les coûts d'investissement de 30 à 50% par rapport aux installations actuelles, diminuer le volume des déchets et leur durée de vie, et utiliser au mieux les ressources en uranium, le "carburant" du nucléaire. "Cette nouvelle génération devrait permettre également de répondre à d'autres besoins que la production d'électricité", explique l'expert du CEA. Les scientifiques soulignent en effet que ces réacteurs seront en mesure de produire, sans émissions de gaz à effet de serre, de l'hydrogène, souvent considéré comme un des "carburants de l'avenir".

La Recherche : http://www.larecherche.fr/energie/n030316090224.prip0m41.html

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