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Une nouvelle technique pour réchauffer des tissus cryogénisés sans les altérer
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Pour l'instant, congeler un corps et le ramener à la vie relève encore de la science-fiction et, dans la réalité, les scientifiques sont encore très loin de cette possibilité. Mais des scientifiques de l'université du Minnesota expliquent avoir réussi à réchauffer des tissus cryogénisés, tout en les maintenant en parfait état.
Cette grande première n'ouvre pour l'instant pas la porte à la cryogénisation d'un être humain en entier, mais pourrait révolutionner la greffe d'organe. Comme le rappellent les auteurs, il n'est pas possible de conserver un organe plus de quelques heures en vue d'une transplantation. Si les chercheurs arrivent à perfectionner leur technique, il deviendrait possible de stocker indéfiniment les organes en vue de greffes ultérieures.
Pour comprendre la portée de cette découverte, il faut déjà bien cerner ce qu'est la cryogénisation, et plus spécifiquement la vitrification. Dans les années 80, le cryobiologiste Greg Fahy a trouvé un moyen de congeler des tissus sans les détériorer. Normalement, quand un objet est congelé, ses molécules se réorganisent en passant à l'état solide.
L'eau se transforme en cristal. Cela cause des lésions aux cellules. En le refroidissant très rapidement et grâce à une solution particulière, composée de cryoprotecteurs, Greg Fahy a réussi à "geler", ou plutôt solidifier un organe dans un rein de lapin à -130°C, sans le détériorer. "Vous maintenez ce rein dans une forme liquide, mais dans de la glace", a expliqué lors d'une conférence de presse John Bischof, auteur principal de l'étude qui vient d'être publiée. On a même récemment réussi à vitrifier un cerveau de lapin, en gardant intact les synapses.
Sauf qu'il y a un problème : quand on réchauffe le rein, des cristaux se forment alors, ce qui l'endommage. Depuis des années, les scientifiques cherchent un moyen de réchauffer ces organes sans les détériorer. Pour cela, il faut réchauffer la totalité du volume vitrifié très, très rapidement. Jusqu'alors, la technique la plus efficace, très compliquée, fonctionne par convection (transfert de chaleur). Problème : cela ne fonctionne qu'avec de très petits volumes de liquides, environ un millilitre.
Dans leur étude, les chercheurs expliquent avoir mis au point une "technologie de nanochauffage". "Nous avons déployé des nanoparticules d'oxyde de fer autour et dans les tissus qui servent de source de chaleur réparties dans la solution", précise John Bischof. Ensuite, les chercheurs utilisent un champ magnétique bien particulier pour activer ces nanoparticules afin qu'elles s'excitent et chauffent très vite et très fort le liquide vitrifié.
Ces minuscules bouts de fer sont entourés d'une sorte de couche protectrice en attendant d'être activés. Mieux : une fois l'organe réchauffé, les nanoparticules peuvent être facilement extraites. Les résultats sont édifiants : ils ont réussi à réchauffer, sans dommage, des tissus, par exemple des artères de porcs, dans une solution de 50 mL. 50 fois plus que la méthode la plus efficace à l'heure actuelle. C'est énorme, mais ce n'est pas encore suffisant. Pour pouvoir réchauffer un organe vitrifié parfaitement, par exemple le fameux rein de lapin, "nous devons atteindre les 80 mL", estime John Bischof. Les chercheurs précisent d'ailleurs travailler sur le sujet actuellement et devraient être en mesure de faire leurs premiers tests d'ici quelques mois.
"Pour passer à des organes humains, nous aurons besoin de plus grands champs magnétiques, mais il n'y a rien qui nous empêche de faire cela," selon le cryobiologiste. L'équipe a déjà reçu le financement, via l'armée américaine, pour réaliser des tests sur des tissus humains. Ceux-ci pourraient avoir lieu d'ici un an et demi. Plus les organes sont gros, plus il sera difficile de maîtriser la technologie, car il faut notamment tout un système de perfusion compliqué pour injecter les nanoparticules partout. Pour la plupart des organes, la technique devrait être au point "probablement d'ici 7 à 10 ans au moins", estime Kelvin Brockbank, co-auteur de l'étude.
Quant à ramener à la vie un corps entier cryogénisé, la chose est théoriquement possible mais demandera encore des dizaines d’années de recherche pour surmonter les nombreux défis biologiques et technologiques que suppose un tel exploit.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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