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La NASA commence à réfléchir aux implications de longues missions vers Mars

Que faire du corps d'un astronaute décédé pendant une mission d'exploration de Mars ? La NASA, qui prépare l'envoi d'ici 2050 d'humains sur la planète rouge, commence à réfléchir aux implications de missions appelées à durer trois ans. Ces réflexions sont menées par des médecins et des scientifiques de l'agence spatiale américaine, en collaboration avec des intervenants extérieurs dont des spécialistes de bioéthique. Elles sont consignées dans un document sur la santé des équipages, dans le cadre de la loi sur la liberté d'information.

"Comme vous pouvez imaginer, ce ne sont pas des choses dont les gens parlent aisément", convient le Docteur Richard Williams, chef du service médical de la NASA. "Nous essayons de définir un cadre éthique" à destination des commandants et responsables de missions, qui seront tôt ou tard confrontés à ce type de "décisions difficiles". Le document de la NASA ne mentionne pas la question des rapports sexuels dans l'espace. Il ne s'agit pas d'un problème de santé des équipages, mais plutôt de questions comportementales qui seront étudiées par d'autres responsables de l'agence, selon le Docteur Williams. Les scientifiques se sont d'ores et déjà penchés sur certains aspects liés à la santé, comme les doses maximales de radiations admissibles ou le nombre d'heures de travail hebdomadaire de l'équipage, pas plus de 48.

D'autres questions, en revanche, restent à résoudre : que faire du cadavre d'un astronaute décédé à bord ? Le garder dans une chambre froide, l'inhumer sur Terre, sur Mars, le larguer dans le vide sidéral ? Faut-il sauver à tout prix un astronaute dans un état critique et consommer de l'oxygène au risque de mettre en danger le reste de l'équipage ?

"Le moment viendra sans doute où il faudra mettre en balance un risque important de décès et le succès de la mission", prévient Paul Root Wolpe, spécialiste de bioéthique à l'Université de Pennsylvanie et consultant de la NASA depuis 2001. "L'idée selon laquelle nous choisirons toujours le bien-être de la personne au détriment du succès de la mission sonne bien. Mais elle ne reflétera pas forcément la façon dont les décisions seront prises en réalité".

Aujourd'hui, un astronaute ou un cosmonaute gravement malade ou blessé à bord de la Station spatiale internationale -ce qui ne s'est jamais produit- peut quitter l'ISS en urgence. Un vaisseau Soyouz de secours est en effet amarré en permanence à la station en orbite à environ 350km au-dessus de la Terre.

Ce qui sera impossible lors d'un voyage vers Mars, qui prendra environ trois ans entre l'aller, le séjour sur place et le retour. De plus, les astronautes ne pourront pas compter, dans les situations d'urgence vitale, sur l'aide du Centre de contrôle au sol : les communications radio avec Houston mettront près de 30 minutes à parvenir à l'équipage, en raison de la distance.

Les risques du voyage spatial sont notamment l'exposition aux radiations, la perte musculaire et osseuse, les problèmes psychologiques dus à l'isolement et aux éventuelles tensions au sein de l'équipage. La NASA devra déterminer si les astronautes devront subir des opérations préventives, dont l'ablation de l'appendice, et... rédiger leur testament avant de partir en mission.

La NASA, à ce jour, n'a jamais annulé de mission en raison de problèmes médicaux, contrairement à l'Union soviétique confrontée à trois reprises à ce type d'incidents. Les trois accidents qui ont endeuillé le programme spatial américain (Apollo 1, Challenger et Columbia), faisant 17 morts au total, avaient tous pour origine une défaillance technique.

AP

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