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L'ozone menace aussi les forêts

A forte concentration, l'ozone peut provoquer des maux de tête, une irritation des yeux et des poumons. Thomas Frischer, de l'université de Vienne (Autriche), a montré récemment que des jeunes enfants exposés à des périodes de pics successifs peuvent connaître au bout de trois ans un affaiblissement limité mais significatif de la fonction pulmonaire (1). Si l'impact de l'ozone sur la santé humaine est reconnu depuis peu en France, son action sur la végétation est en revanche largement ignorée. Dans leur tour d'horizon sur la pollution et la santé des forêts, le Canadien Percy et l'Italien Ferretti soulignent pourtant le fait que, parmi tous les polluants, c'est l'ozone qui risque de poser le plus de problèmes à l'avenir (2). De nombreuses expériences ont montré qu'à des concentrations supérieures à 60 ppb l'ozone provoque des lésions voire des nécroses aux feuilles des arbres et peut aussi freiner la végétation des plantes herbacées. Dans les années 50, on estime que seulement 9% des forêts tempérées étaient touchées par des pics d'ozone. Un quart des forêts mondiales sont aujourd'hui concernées. En 2100, la moitié des forêts pourrait subir des dommages. L'augmentation des taux d'ozone de surface est liée à celle des émissions d'oxyde d'azote rejeté en majeure partie par la circulation automobile, ainsi que des hydrocarbures et autres composés volatils. Ces gaz sont des précurseurs de l'ozone. Il faut toutefois des conditions météorologiques bien particulières pour que l'ozone soit «fabriqué» naturellement car la molécule de dioxygène (02) présent dans ces gaz est cassée en deux seulement par le rayonnement solaire. Chacun des deux oxygènes élémentaires, élément particulièrement réactif, peut ensuite se marier à une molécule de dioxygène et former ainsi de l'ozone (03). Les seules mesures en agglomération ne sont pas suffisantes car les panaches de pollution circulent à travers toute l'Europe et toute la France au gré des vents. Les stations installées en zones rurales voire en plein coeur des massifs forestiers sont aussi indispensables. Le réseau Renécofor, géré par l'Office national des forêts (lire ci-dessous), qui prend ces mesures, répond à une directive sur l'ozone de 2002. Cette dernière a fait de la surveillance de ce gaz une de ses priorités pour la santé des forêts. Dans le même temps, Bruxelles a fixé une nouvelle limite pour la santé humaine à 110 microgrammes par mètre cube pour une période de huit heures et à 18 000 microgrammes par an de mai à juillet pour la végétation. Des seuils régulièrement dépassés en période de fort ensoleillement. La production d'ozone est avant tout une question de proportion entre les différents hydrocarbures d'origines naturelles et les oxydes d'azote liés principalement aux activités humaines. C'est donc bien la conjonction spatiale et temporelle des deux types d'émissions (comme dans le cas du panache parisien observé les 8 et 9 août 1998) qui peut mener à des niveaux de pollution élevés. «La vraie question, c'est de savoir si la pollution va diminuer pour inverser la tendance actuelle», souligne de son côté Erwin Ulrich.

Figaro :http://www.lefigaro.fr/sciences/20040826.FIG0226.html

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