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L'homme épuise les ressources naturelles

L'Homme modifie les milieux naturels à un rythme sans précédent depuis 50 ans, affaiblissant la capacité de la nature à fournir des services essentiels comme l'air, l'eau et la protection contre les catastrophes naturelles. Un constat alarmant dressé par 1.300 experts de 95 pays sous l'égide des Nations Unies. Leur "rapport de synthèse sur l'Evaluation des écosystèmes pour le millénaire", publié en France par l'Unesco, conclue à la dégradation d'environ 60 % des services clés fournis par la nature à l'homme. Vingt-quatre services qui incluent notamment la fourniture d'eau douce, des stocks de pêche et la régulation du climat.

Certes, la productivité de services comme l'agriculture, le bétail et les produits de l'aquaculture s'est accrue, concourrant au bien-être de millions d'hommes. Mais cette productivité s'est réalisée au détriment des autres services de la nature, notent les experts. Ainsi, la surexploitation des stocks de poissons a épuisé la ressource, et la fourniture d'eau douce est à un niveau inférieur aux besoins, conclut le rapport. Depuis 1945, il y a eu plus de terres converties à l'agriculture qu'au cours des 18e et 19e siècles réunis. Un quart de la surface de la planète est cultivée, note le document. Plus de la moitié des engrais azotés synthétiques utilisés pour l'agriculture l'ont été depuis 1985.

Ces modifications drastiques des sols se traduisent par une perte de la diversité des espèces : 12 % des oiseaux, un quart des mammifères et au moins 32 % des amphibiens sont menacés de disparition d'ici un siècle. Les pauvres sont les plus touchés par les modifications induites par l'Homme. Les barrages, par exemple, fournissent l'énergie aux villes mais bouleversent l'accès à la terre et à la pêche pour les ruraux. La déforestation à grande échelle, en Indonésie ou en Amazonie, pénalise les populations autochtones qui vivent de la forêt. Le rapport de 2.500 pages formule quelques pistes pour enrayer la dégradation : prendre en compte la nature dans la prise de décision, améliorer la planification, influencer les comportements individuels.

Le Rapport de Synthèse met en lumière quatre conclusions majeures :

-* Les humains ont modifié les écosystèmes plus rapidement et profondément au cours des 50 dernières années qu'à tout autre moment de leur histoire. Ils l'ont fait principalement pour répondre à des besoins croissants en nourriture, eau douce, bois, fibres et combustibles. Plus de terres ont été converties pour l'agriculture depuis 1945 qu'aux XVIIIème et XIXème siècles réunis. Plus de la moitié des engrais azotés synthétiques - mis au point en 1913 - utilisés pour l'agriculture l'ont été depuis 1985. Selon les experts, la conséquence en est une perte substantielle et largement irréversible de la diversité de la vie sur la Terre, où 10 à 30 % des espèces de mammifères, d'oiseaux et d'amphibiens sont désormais menacées d'extinction.

-* Les changements des écosystèmes qui ont entraîné des gains nets substantiels en termes de bien-être humain et de développement économique ont été obtenus à un prix de plus en plus élevé en termes de dégradation des autres services. Seuls quatre services fournis par les écosystèmes ont vu une amélioration au cours des 50 dernières années : des gains de production pour les récoltes, le bétail et les produits de l'aquaculture, et une séquestration accrue du carbone en vue de la régulation du climat global. Deux services - la production de ressources halieutiques et la fourniture d'eau douce - sont aujourd'hui rendus à un niveau bien inférieur aux besoins actuels, sans parler des besoins futurs. Les experts prévoient que ces difficultés vont diminuer substantiellement les bénéfices que les générations futures peuvent attendre.

-* La dégradation des services fournis par les écosystèmes devrait s'aggraver de façon significative durant la première moitié du siècle, ce qui est un obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Chacun des quatre scénarios pour le futur explorés par les scientifiques au cours de l'étude prévoit bien des progrès en vue d'éradiquer la faim dans le monde, mais ces progrès seront bien trop lents pour réduire de moitié d'ici 2015 le nombre des personnes qui souffrent de la faim. Les experts rappellent d'autre part que des changements des écosystèmes comme la déforestation ont une influence sur l'abondance des pathogènes qui affectent les humains tels que la malaria ou le choléra, ainsi que sur les risques d'émergence de nouvelles maladies. La malaria, par exemple, représente 11 % du fardeau de la santé pour l'Afrique ; si cette maladie avait pu être éradiquée il y a 35 ans, le produit intérieur brut du continent africain serait aujourd'hui de 100 milliards de dollars plus élevé.

-* Le défi qui consisterait à renverser la tendance à la dégradation des écosystèmes tout en satisfaisant une demande croissante peut être relevé selon certains scénarios qui impliquent des changements significatifs des politiques et des institutions. Il s'agit cependant de changements importants et les tendances actuelles ne vont pas dans ce sens. Le rapport mentionne les options possibles pour conserver ou améliorer certains services fournis par les écosystèmes tout en réduisant les effets pervers ou en augmentant les impacts positifs sur d'autres services. Par exemple, la protection des forêts naturelles sauvegarde la faune et la flore sauvages tout en fournissant de l'eau douce et en réduisant les émissions de carbone.

« La conclusion essentielle de cette évaluation est que les sociétés humaines ont le pouvoir de desserrer les contraintes qu'elles exercent sur les services naturels de la planète, tout en continuant à les utiliser pour obtenir un meilleur niveau de vie pour tous », affirme le Conseil de direction du MA dans une déclaration intitulée Vivre au-dessus de nos moyens - actifs naturels et bien-être humain. « Y parvenir réclamera cependant des changements radicaux dans notre manière de traiter la nature à toutes les étapes de la prise de décision, ainsi que de nouvelles façons de coopérer entre gouvernements, entreprises et société civile. Les signaux d'alarme sont là pour qui veut les voir. Le futur est entre nos mains ».

Unesco

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