RTFlash

TIC

Internet tire le disque vers le haut de gamme

Les sites musicaux comptent d'ores et déjà parmi les plus visités du réseau mondial et tout porte à croire que cette tendance se confirmera dans les mois à venir. Leur fréquentation est proche de celle des sites pornographiques, considérés comme des « références » en la matière ! Dans un avenir proche, on peut donc s'attendre à une multiplication des « portails » musicaux avec, à la clef, le développement de la vente par correspondance (VPC) en ligne et du téléchargement. A ce jour, les ventes de disques sur le Net ne représentent qu'une modeste part du chiffre d'affaires global réalisé par le secteur musical. En revanche, le téléchargement - le transfert de morceaux de musique sous forme de fichiers MP3 - connaît un succès sans précédent. Créé au début des années 90 par l'institut allemand Fraunhofer, le MP3 est un format de compression numérique. Ce traitement est appliqué au signal audio du CD afin d'en réduire le « poids » en octets (l'unité informatique). Cette opération, qui revient à une cure d'amaigrissement drastique, est rendue indispensable pour pouvoir télécharger rapidement une chanson. Variable, le taux de compression peut aller d'un rapport de 1 pour 4 à... 1 pour 25. En clair, une fois converti en MP3, le signal audio contient 4 à 25 fois moins de données numériques que sur le Compact !Pour parvenir à un tel résultat, le système agit par suppression des signaux de faible amplitude ou masqués par d'autres signaux d'intensité supérieure. Dans ces conditions, le rapatriement des morceaux de musique du monde entier depuis un PC devient un jeu d'enfant. L'utilisateur peut choisir ensuite de les stocker dans le disque dur de son ordinateur ou dans la mémoire d'un baladeur MP3, voire de graver des CD. Cette liberté, autorisée par la dématérialisation des supports musicaux, ouvre la voie à un nouveau mode de consommation de la musique, qui trouvera à n'en pas douter un écho favorable auprès d'un large public. Mais en termes de qualité sonore, le MP3 est tout sauf un progrès. Beaucoup de bêtises ont été écrites sur la prétendue « qualité CD » obtenue avec ce format de compression, même dans la presse spécialisée informatique. Un comble. Il suffit de comparer un CD et sa copie en MP3 pour se rendre compte de l'appauvrissement du son. Trois facteurs influent sur la qualité d'écoute d'un fichier MP3 : la vitesse du débit des données (en kilobits par seconde ou kbit/s), la fréquence d'échantillonnage (en kHz) et le nombre de canaux (un seul : mono ; deux : stéréo). En poussant les deux premiers facteurs très loin dans leurs possibilités (320 kbit/s et 48 kHz) pour une écoute en stéréo, la dégradation est audible mais acceptable. Le problème est qu'aucun site ne permet à ce jour le téléchargement avec un tel débit. Pour l'utilisateur moyen, l'opération prendrait trop de temps (probablement plusieurs heures pour quelques minutes de musique). Dans le meilleur des cas, on doit se contenter d'un débit de 128 kbits/s, parfois moins. A ce niveau, inutile de préciser que l'altération est flagrante. Quant au disque et à la vente traditionnelle en magasin, c'est peu dire qu'ils sont menacés par l'avènement du MP3. Le confort apporté par le téléchargement (plus besoin de se déplacer), l'offre toujours plus vaste et souple (on peut télécharger les morceaux de son choix et créer ses propres compilations) ainsi que les diverses informations sur les artistes qui enrichissent les sites sont autant d'arguments qui plaident en faveur d'Internet. Avec l'arrivée du Super Audio CD et du DVD Audio (« Les Echos Week-end » du 12 mai), le disque peut se prévaloir d'une qualité sonore supérieure. On s'oriente donc probablement vers un marché à deux vitesses. Quand tous les problèmes liés à la protection des droits d'auteur seront résolus, le Net générera l'essentiel du chiffre d'affaires dégagé par le secteur musical. Le disque occupera quant à lui une niche ; il deviendra un produit de luxe réservé à une poignée de puristes équipés en matériel hi-fi haut de gamme.

Les Echos : http://www.lesechos.fr/club/hightech/hig_0707_1.htm

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top