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Le Canada mise sur les biocarburants de seconde génération issus du bois

L'avenir de l'éthanol au Québec serait dans les résidus forestiers et les matières résiduelles plutôt que dans le maïs. " Le secteur forestier est mal en point, c'est le bon moment pour reconfigurer et revitaliser cette industrie ", estime Esteban Chornet, qui travaille sur cette question depuis plus de vingt ans à l'Université de Sherbrooke. La production d'éthanol à partir de matières ligneuses comme les copeaux de bois, les résidus de coupe ou de procédés industriels permettrait de générer des revenus intéressants pour le secteur forestier tout en représentant un gain appréciable sur le plan environnemental. Les matières résiduelles pourraient également être transformées en éthanol, ce qui éviterait notamment la production de méthane lors de leur décomposition, ce gaz ayant un impact important sur l'effet de serre.

Le gouvernement provincial vient d'annoncer, en partenariat avec le secteur privé, le lancement d'une chaire de recherche sur l'éthanol cellulosique à l'Université de Sherbrooke. Deux usines pilotes seront également implantées dans les Cantons de l'Est. L'investissement total est de 23,6 M$. Québec injecte 6,5 M$ et Ottawa 2,7 M$, le reste étant investi par le secteur privé. Outre Ethanol GreenField, deux entreprises issues de travaux de recherche de l'Université de Sherbrooke, Enerkem Technologies et CRB Innovations, ainsi que la papetière Kruger et la pétrolière Ultramar participent au projet. L'une des usines témoins utilisera les matières résiduelles pour fabriquer l'éthanol, tandis que l'autre se servira de résidus forestiers. La décision de bâtir une usine commerciale, qui produirait de 40 à 80 millions de litres d'éthanol par année, devrait être prise au premier trimestre de 2009, affirme le professeur Esteban, également actif au sein de l'entreprise Enerkem.

L'éthanol cellulosique, ou éthanol de seconde génération, offre des bénéfices environnementaux supérieurs à ceux du carburant fabriqué grâce au maïs. Les rejets de gaz à effet de serre pourraient s'avérer de 80 % moins importants que ceux générés par l'essence. Le pourcentage est proche de 15 % avec l'emploi d'éthanol de maïs, selon un article publié par le magazine scientifique Science. " L'éthanol cellulosique est plus énergétique que l'éthanol de maïs et il fait appel à des matières abondantes non utilisées dans la production alimentaire, précise un rapport de l'ONG américaine Union of Concerned Scientists. Malheureusement, la technologie n'en est pas encore à la phase commerciale.

"Cette étape approche toutefois à grands pas. L'entreprise Iogen est à l'origine depuis 2004 d'installations témoins à Ottawa - les seules au monde, soutient la porte-parole Mandy Chepeka. Ces installations ont une capacité de 2,5 millions de litres par année, et l'entreprise se prépare maintenant à passer à la production commerciale. Le Département américain de l'Énergie a d'ailleurs annoncé en mars dernier l'octroi de subventions de 385 M$ afin de construire six usines commerciales d'éthanol cellulosique. À plein régime, ces usines produiraient 500 millions de litres d'éthanol par année.

VD

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