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Capsules sur mesure pour tissus parfumés

Prenez un linge ! Le premier geste que vous faites est de le sentir, annonce Marie-Florence Grenier-Loustalot, chercheuse et directrice du service central d'analyse (SCA) du CNRS, situé dans la banlieue lyonnaise. Ce réflexe sensoriel, utilisé depuis des lustres comme argument publicitaire par les lessiviers, risque fort de devenir un atout commercial dans l'industrie textile. Et ce, grâce à la microencapsulation, procédé bien connu du domaine cosmétique qui permet d'enfermer des agents actifs dans de minuscules réservoirs. Mais les tissus sont eux aussi depuis quelques années dans la ligne de mire des industriels. En effet, grâce à des travaux menés conjointement par le SCA et la société Euracli, ce procédé a vu peu à peu ses capacités s'améliorer, avec la diminution de la taille des capsules pour ne pas dénaturer la texture et l'aspect du tissu, puis l'amélioration de l'imperméabilité des membranes. Du coup, le champ d'application de cette technique, initialement utilisée sur des tissus pour, par exemple, stabiliser la température dans des vêtements d'extérieur, s'est peu à peu élargi, d'abord aux étoffes délicates et luxueuses , puis aux vêtements grand public. Des robes, des sous-vêtements, des foulards délicatement empreints de l'odeur de votre parfum favori, des collants hydratants et énergisants... Certaines et certains d'entre vous en rêvaient ? Eh bien, de nombreux industriels du textile, qui ont flairé le filon, commercialisent aujourd'hui ces nouveaux produits munis de microcapsules remplies de molécules parfumées ou bienfaisantes.

Les industriels du textile savent depuis plusieurs années fixer de façon quasi permanente des microcapsules sur des tissus. Le principe actif y est enfermé, afin de donner à ces textiles dits « high-tech » des propriétés particulières : ils peuvent changer de couleur ou réagir à la lumière. « Mais ces industriels, toujours soucieux de donner plus de valeur ajoutée à leurs tissus, ont souhaité aussi leur attacher des propriétés cosmétiques, voire anti-acariennes ou encore anti-UV », explique Yves Frantz, gérant d'Euracli. Pour cela, ils avaient besoin cette fois de capsules capables de libérer progressivement leur contenu tout en résistant à de multiples nettoyages. Pas si simple.

C'est pourquoi, pour mettre au point des conditions optimales d'application, la société a fait appel aux compétences du SCA pour analyser et doser l'actif encapsulé et déposé sur un textile, avant et après lavage. Car, pour la commercialisation de nos produits, nous devions connaître précisément la résistance des propriétés odorantes de nos capsules aux multiples nettoyages, explique Marie Rastello de Boisséson, responsable Technique et qualité d'Euracli. Le SCA a donc mis au point une méthode d'extraction et d'analyse pour suivre la disparition des produits encapsulés en fonction de plusieurs critères : le lavage, l'essorage et la qualité du tissu, poursuit Marie-Florence Grenier-Loustalot.

L'acétate de linalyle, composant essentiel du parfum lavande, a été choisi comme molécule modèle pour tester la résistance des capsules aux lavages. Cet actif a été enfermé dans des capsules de deux microns. Elles ont été ensuite mélangées à un liant et enfin appliquées sur des tissus. Ces derniers ont été lavés à 30° C, essorés et séchés. Le SCA a ensuite mesuré la quantité d'acétate de linalyle restante dans les capsules après chaque lessive. Un travail de haute précision analytique effectué grâce à la chromatographie en phase gazeuse.

Résultat : les ingénieurs du SCA ont montré qu'après dix lavages, le pourcentage de produits actifs restant dans les tissus se stabilise autour de 40 %. Par ailleurs, une quantité excessive de liant augmente la résistance au lavage, mais ralentit la libération de l'actif. « Ces tests, qui ont permis d'améliorer sensiblement la résistance des capsules aux lavages, aussi bien sur fibres synthétiques que naturelles, vont ouvrir rapidement d'autres perspectives d'application en lingerie et literie », conclut la directrice du SCA. Choisirons-nous un jour l'ambiance odorante de nos rêves ?

CNRS

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