Selon une étude réalisée par l'Ecole de santé publique d'Harvard et dirigée par Samuel Myers, la hausse du CO2 dans l'atmosphère terrestre n'a pas seulement un impact majeur sur le réchauffement climatique, elle constitue aussi une menace directe pour la production agricole, qui va subir une diminution sensible de certains nutriments nécessaires pour la croissance des végétaux.
Avec les niveaux élevés de dioxyde de carbone attendus à l'horizon 2050, ce sera notamment le cas du zinc et du fer, indispensables à l'alimentation humaine, dont la concentration va diminuer de manière inquiétante dans certaines céréales et légumineuses. L'étude souligne "Qu'environ deux milliards d'individus souffrent déjà de carences en zinc et en fer, ce qui se traduit chaque année par 63 millions de décès liés à la malnutrition, il s'agit de la menace sanitaire associée au changement climatique la plus importante jamais identifiée".
Des expériences menées en laboratoire ou sous serre avaient déjà démontré l'effet néfaste du CO2 sur les qualités nutritives des produits agricoles. Mais cette fois, les biologistes américains ont passé en revue les données recueillies sur sept sites ouverts, au Japon, en Australie et aux Etats-Unis, et portant sur 41 variétés différentes de céréales et de légumineuses. La concentration en CO2 sur tous ces sites était comprise entre 546 et 586 parties par million (ppm), une valeur similaire à celle prédite par les experts du climat dans les 40 à 60 ans à venir, même si des mesures sont prises d'ici là pour juguler les émissions de gaz à effet de serre.
Les chercheurs ont mesuré la teneur en nutriments des parties consommables de blé et de riz, de maïs et de sorgho, ainsi que de soja et de pois. Leurs résultats montrent une nette baisse de la teneur en zinc, en fer et en protéines dans les céréales dites "en C3", comme le blé et le riz qui fixent le carbone contenu dans le CO2 sous forme d'un composé à trois atomes de carbone. Le blé cultivé sous forte concentration de CO2 contenait par exemple 9,3 % de zinc en moins, 5,1 % de fer en moins et 6,3 % de protéines en moins qu'un blé cultivé dans l'air ambiant (environ 400 ppm de CO2 actuellement).
Les chercheurs d'Harvard ont toutefois constaté que la teneur en zinc et en fer pouvait varier considérablement d'une variété de riz à l'autre, ce qui pourrait permettre de développer des variétés de riz plus résistantes aux fortes concentrations en CO2. Les légumineuses "en C3", comme le soja et le pois, accusaient elles aussi une "baisse significative" en zinc et en fer, mais pas en protéines.
Selon cette étude, environ le tiers de la population mondiale reçoit au moins 70 % de l'apport en zinc et en fer en consommant des plantes de type C3, en particulier dans les pays en développement. Les plantes "en C4" (maïs et sorgho), apparues plus récemment sur terre et qui fixent différemment le carbone atmosphérique, semblent moins affectées par un taux de CO2 élevé.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash