RTFlash

Matière

La mission Microscope confirme la relativité générale avec une précision inégalée

L’objectif de la mission Microscope était de mettre à l’épreuve le principe d’équivalence. Il s’agit d’un élément fondamental en physique. Ce phénomène fait que deux corps dont la masse ou la composition diffère tombent quand même dans le vide avec la même accélération. Cela, même s’il s’agit d’une plume et d’un bloc de béton.

Ce principe d’équivalence, aussi appelé universalité de la chute libre, sert de test dans la quête d’une théorie universelle englobant la gravitation et la physique quantique. La Relativité Générale paraît incompatible avec le domaine de l’infiniment petit et des particules. La gravitation et la physique quantique semblent aujourd’hui irréconciliables. Pour essayer d’unifier le tout, des théories candidates existent. Or, celles-ci tablent sur une violation du principe d’équivalence, justement. Dès lors, l’expérimenter à des degrés extrêmes permet de challenger les alternatives à la théorie de la relativité. Et pour le moment, Albert Einstein a toujours raison. L’équivalence entre gravitation et accélération tient.

Il s’avère qu’une première expérimentation via la mission Microscope a validé le principe d’équivalence à la fin 2017, à un seuil infinitésimal. Ce phénomène a été prouvé à 10-14. Aujourd’hui, les résultats partagés par le Cnes et l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera) permettent de descendre d’un cran, à 10-15. Le décalage d’une seule unité dans la puissance paraît anodin, mais il faut avoir en tête que cette opération désigne un nombre qui a quinze chiffres après la virgule. Il a d’ailleurs fallu cinq ans aux physiciens pour "simplement" passer de 10-14 à 10-15. Pour l’Onera et le Cnes, « il faudra certainement attendre très longtemps pour faire mieux ».

Cette précision de 10-14 à 10-15 a été obtenue dans le cadre de mesures à travers la gravité terrestre. Le précédent marqueur, avant la mission Microscope, avait été atteint par le groupe de physiciens américains Eöt-Wash en 2012. La mission Microscope avait déjà amélioré la mesure d’un facteur vingt. Un projet d’expérience américain, Step, aimerait porter la marque à 10-18.

Dans le cas de la mission Microscope, qui a fonctionné du printemps 2016 jusqu’à l’automne 2018, il s’agissait d’observer le comportement de deux cylindres creux concentriques (un interne en platine et de 400 g, l’autre externe en titane et de 300 g). Ils étaient immobilisés l’un par rapport à l’autre grâce à un système électrostatique et le tout en apesanteur. « Il s’agit de mesurer et de comparer les forces à appliquer à chaque masse pour les maintenir fixes. Dans la mesure où l’on contrôle toutes les autres perturbations, une différence signerait une violation du principe d’équivalence », développait en 2017 Gilles Métris, chercheur au laboratoire Géoazur et co-investigateur principal de la mission.

Les fondations du principe d’équivalence sont donc toujours solides, et cela, malgré le temps qui passe, l’arrivée de la physique quantique et l’émergence de théories alternatives. « Rien de moins qu’une nouvelle victoire de la relativité générale proposée par Albert Einstein il y a plus d’un siècle », note le Cnes.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

CNES

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top