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L’UE envisage de combiner CO2 et hydrogène pour produire des carburants de synthèse

L’hydrogène a été présenté comme un véritable couteau suisse de la transition énergétique, ce qui a donné lieu à une sorte de "battage médiatique", explique Brice Lalonde, ancien dirigeant du parti des Verts en France et aujourd’hui président du groupe de réflexion Équilibre des Énergies rassemblant des entreprises telles qu’Airbus et Total Energies. Cependant, « on ne peut pas l’utiliser pour tout », a souligné M. Lalonde.

Alors que l’hydrogène est déjà largement répandu dans la production de plastiques et d’engrais ainsi que dans les processus chimiques, M. Lalonde pense que la demande supplémentaire de gaz sera limitée. Le président du groupe de réflexion estime que l’hydrogène « devrait probablement être utilisé uniquement comme carburant pour les transports, en particulier pour l’aviation ». Et pour ces applications, il serait crucial d’avoir du CO2 à portée de main. « L’intérêt principal de l’hydrogène sera d’être un composant à mélanger avec le carbone », a déclaré M. Lalonde, qui était également ambassadeur de France pour les négociations sur le climat de 2007 à 2010.

Le mélange de CO2 et d’hydrogène permet de produire des carburants de synthèse qui, à l’instar des carburants fossiles classiques, sont riches en énergie et adaptés à l’aviation et au transport maritime. La grande différence est que ces carburants de synthèse peuvent être climatiquement neutres. Pour ce faire, l’hydrogène utilisé dans le processus doit être vert — c’est-à-dire qu’il doit provenir d’électricité renouvelable — et du CO2 issu de processus industriels déjà existants ou capturé dans l’air doit être utilisé.

La Commission européenne a perçu le potentiel du CO2 en tant que matière première pour l’industrie. En octobre dernier, elle a annoncé qu’elle travaillait sur une stratégie de captage, stockage et utilisation du carbone (CCUS), qui devrait être publiée avant la fin de l’année. « Le CO2 est le deuxième pilier de l’économie des molécules » explique Chris Bolesta, chef d’équipe à la DG Énergie de l’UE, en charge de la CCUS. « Nous n’avons pas encore de stratégie CCUS, mais nous y travaillons », ajoute-t-il, précisant que cette stratégie « suit la voie de l’hydrogène ».

À l’instar de la stratégie de l’UE sur l’hydrogène présentée en 2020, la stratégie CCUS viserait à donner aux entreprises une perspective claire. « Nous voulons en fait imposer à certains marchés l’obligation de fournir une capacité de stockage du CO2, afin que le marché ait la certitude qu’il y aura un stockage et qu’il puisse investir dans la capture et le transport », a expliqué M. Bolesta. « La priorité doit être d’empêcher que les émissions soient relâchées dans l’atmosphère », déclare Jonas Helseth, directeur du groupe de réflexion Bellona Europe. « Le stockage du CO2 est manifestement nécessaire à cette fin », a-t-il ajouté.

Toutefois, la capacité de stockage de CO2 nécessaire à cette fin peut sembler impressionnante. En mars, la Commission européenne a fixé un objectif de 50 millions de tonnes de capacité annuelle d’injection de CO2 d’ici 2030, pour atteindre 550 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2050. Or, pour l’ensemble de la planète, la capacité de stockage devrait atteindre une gigatonne par an, a déclaré Gabrielle Gauthey, responsable des affaires européennes chez le géant de l’énergie Total Energies, qui s’est exprimée lors de l’événement. « Il serait bon d’avoir sept gigatonnes par an, ce qui est énorme », a déclaré Mme Gauthey. Toutefois, même cela ne suffirait pas. Selon M. Bolesta, le nombre de projets ayant exprimé leur intérêt pour l’injection de CO2 en Europe « représente plus de 80 millions de tonnes par an ».

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Euractiv

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