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L'Europe face aux conséquences du réchauffement

Le dernier rapport de l'IPCC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) date de 2001. Il présentait plusieurs scénarios de réchauffement de la planète (entre une augmentation moyenne minimale de 1,4°C d'ici à 2100 et un maximum de 5,8°C), l'écart étant lié aux différentes politiques énergétiques pouvant être choisies au cours des prochaines décennies. Mais il ne disait rien sur les conséquences que ces changements pourraient avoir sur les écosystèmes à une échelle régionale.

Pour essayer d'y voir plus clair, la Commission européenne a financé un programme de recherche baptisé Ateam. Lancé il y a quatre ans, pour un montant total de 3 millions d'euros, ce programme a donné lieu à un rapport confidentiel remis en juin 2005 à la Commission et à toute une série de publications scientifiques. Son objectif : étudier l'impact du réchauffement sur les «services» que les écosystèmes apportent à la population européenne, un vaste domaine couvrant l'agriculture, l'eau, la forêt, le tourisme, les parcs naturels, etc. «C'est la première fois qu'on quantifie les vecteurs de changements sociopolitiques et les différents scénarios de réchauffement climatique en les couplant et en essayant d'explorer leurs conséquences», souligne Mark Rounsevel, de l'université de Louvain-la-Neuve (Belgique).

Une synthèse de ce travail vient d'être publiée. Sa principale leçon, c'est que les choix politiques ont plus d'influence que le changement climatique lui-même. C'est surtout vrai pour l'utilisation des sols (forêt, agriculture, conservation, etc.). C'est moins vrai par contre pour les modifications de la végétation forestière. Mais, là aussi, l'intervention humaine peut limiter fortement les changements.

Selon cette étude, l'Europe pourrait gagner de 2,1ºC à 4,4ºC de température moyenne d'ici à 2080. Cette augmentation de température, associée au changement de nature des sols, pourrait provoquer une baisse de 6,4 % (scénario B2) à 10,7 % (scénario A1) de la superficie de terres cultivables. De même pour les prairies et les herbages nécessaires à l'élevage : leur surface totale pourrait fondre de 6,7 % à 10,2 %. Au contraire, les forêts seraient globalement favorisées avec une croissance potentielle de 0,7 % à 5,6 %.

La perte de biodiversité serait importante sur l'ensemble du continent. Et les modèles numériques des chercheurs montrent que cet impact est particulièrement sensible aux choix économiques qui se nouent actuellement. "L'exemple le plus frappant est celui du noisetier, illustre Mme Lavorel. Dans le cas d'un modèle de développement A1, il disparaît de France, alors que dans le scénario B2, on ne le perd que sur le pourtour méditerranéen." La tendance à la hausse de la température moyenne serait particulièrement marquée en Europe du Nord, où certaines régions pourraient connaître des hausses de près de 6ºC, dans le cas du pire scénario.

Tous les scénarios prévoient que les précipitations vont diminuer dans le sud et augmenter dans le nord de l'Europe. Le réchauffement pourrait contribuer à une augmentation de la production forestière (le CO2 dope la végétation des arbres), accentuée encore par l'abandon de terres cultivées. Mais deux grandes régions devraient être pénalisées par le réchauffement. La zone méditerranéenne devrait connaître une diminution des précipitations avec deux conséquences majeures : une augmentation des risques d'incendie et une pénurie d'eau accentuée par la pression touristique. Dans les régions de montagne, la limite inférieure de la neige devrait grimper de 300 mètres, ce qui pourrait provoquer des inondations en hiver et réduire la surface des zones skiables de près de 60 %.

CNRS

Science

BBC

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