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Le Japon attend le salut de ses robots

C'est un petit pas pour la race canine, mais Sony espère que c'est un grand pas pour la robotique. Le jeune Kozo Kawakita, chef de projet chez le géant japonais de l'électronique, n'est pas peu fier du nouveau modèle de robot-chien Aibo qu'il a contribué à créer. En forme de lionceau, Aibo nouvelle formule, présenté dernièrement à la presse, se déplace d'une manière plus souple que ses deux versions précédentes. Il va lui-même recharger ses batteries lorsqu'il sent que l'énergie va lui manquer. Il reconnaît les divers visages de la famille qui l'a adopté et réagit même à certaines commandes. «Fabriquer une telle machine requiert d'intégrer de la très haute technologie. L'important c'est que les mouvements soient très vite exécutés, donc que les instructions reçues par les capteurs soient transmises au «cerveau» très vite», explique prosaïquement Kozo Kawakita. Aibo n'est que le dernier avatar de la passion du Japon pour la robotique. Les Japonais sont toujours émus par les premiers pas des robots bipèdes, qui, depuis des années, s'avancent devant les caméras et les appareils photos de la presse avec des hésitations de bambin. Robodex, le Salon consacré aux robots qui a lieu chaque année à Yokohama, est un succès grandissant. Universités et écoles multiplient les formations proposant des cours de robotique et donnent naissance aux prototypes les plus étranges : robot-danseur de tango, robot-flutiste... La plupart des grands groupes de l'électronique nipponne ont leur robot fétiche, comme Aibo pour Sony, ou Wakamaru, le «robot femme au foyer» de Mitsubishi Heavy Industries. Et, bien sûr, le Japon reste le pays organisateur de la Robocup, la Coupe du monde des robots. Selon leurs promoteurs, les champions du monde humains seront battus en 2050 par leurs répliques électroniques. Pourquoi un tel engouement ? C'est que les robots répondent aux angoisses japonaises quant à leur démographie et leur industrie électronique. Hier championne toutes catégories, l'électronique japonaise ne peut plus lutter contre les fabricants coréens et chinois, qui rattrapent, assimilent et copient à vil prix leur technologie de plus en plus vite. La robotique et la mécatronique (l'alliance des disciplines électronique et mécanique) pourraient donner un souffle nouveau aux Sony, Hitachi et autres géants du matériel, eux qui semblent avoir définitivement perdu la bataille du logiciel. C'est un pari coûteux : pour l'instant, les modèles développés sont tous des gouffres financiers. Et la frénésie autour des robots n'a pas vraiment franchi les cotes japonaises : plus de 80% des Aibo sont vendus au Japon. De plus, les robots de demain pourraient se substituer à la pénurie de main-d'oeuvre qu'affrontera forcément le pays à l'avenir : depuis 1995, la population en âge de travailler (les 15-64 ans) diminue régulièrement selon l'Institut national de la population (NIPSS), tandis que le nombre de retraités progresse. Si la tendance se poursuit, le ratio sera de 1,5 travailleur par retraité en 2050. Et il n'est pas question de recourir à l'immigration. Tokyo se concentre donc sur la technologie en rêvant de robots-ouvriers, de robots-gardiens ou de robots-concierges. Les robots assisteront aussi les personnes âgées. Les Japonais n'ont pas la même gêne que nous devant une machine ressemblant à l'homme. Ils estiment presque naturel qu'un assemblage d'acier et de plastique soit habité de vie, ait une «essence» que chercherait en vain une conscience occidentale. Comme en témoigne le succès du héros de bande dessinée Atom Boy (Astro Boy en France), ludion-robot vibrionnant dans l'imaginaire du pays depuis cinquante ans. «Nous réfléchissons à recouvrir nos robots d'une matière semblable à la peau humaine, mais ça n'est pas encore une priorité», explique, prudent, Steve Amagai, directeur général de la division de Sony en charge de la robotique.

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20031111.FIG0162.html

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