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Biocarburants de deuxième génération : la voie lignocellulosique

Les carburants de 1ère génération sont déjà disponibles à la pompe et mélangés à l'essence ou au gazole : biodiesel fabriqué à partir des huiles de colza, tournesol, soja, et éthanol produit par la fermentation du sucre ou de l'amidon, incorporé à l'essence. La directive européenne dite EnR prévoit de porter à 10 % la part des énergies renouvelables utilisées dans les transports d'ici à 2020, avec des biocarburants répondant à des objectifs de durabilité.

Pour faire face à ces défis, la France privilégie le développement de biocarburants de deuxième génération en complément des biocarburants de 1ère génération. Après une dizaine d'années de travaux de recherche conduits en laboratoire, il est nécessaire aujourd'hui de mettre au point un pilote avant de passer à l'échelle industrielle. C'est tout le sens du projet BioTfuel qui vise à la production de biogazole et de biokérosène par thermochimie.  Programmé jusqu’en 2017, il représente un investissement de 112,7 millions d’euros, et regroupe six partenaires, parmi lesquels Sofiprotéol, Total, le CEA et l’IFP Energies Nouvelles. Une présentation a eu lieu le 23 novembre dernier à Paris.

La partie prétraitement de la biomasse (séchage, broyage et torréfaction) avec un pilote de torréfaction d'environ 3 tonnes/heure sera construite en 2013 sur le site de Sofiprotéol à Venette (Oise). Les pilotes aval (gazéification, purification et synthèse) seront installés sur le site de l'établissement des Flandres du groupe Total près de Dunkerque (Nord). Au total, le pilote pourrait traiter 1 million de tonnes de biomasse par an pour une production de 200 000 tonnes de biocarburants.

Par opposition à la voie enzymatique, BioTfueL n'utilise pas de micro-organismes. Si les procédés mis en œuvre ne sont pas neufs et sont pour certains issus de la pétrochimie (torréfaction, gazéification, synthèse Fischer-Tropcsh), c'est bien la première fois qu'on cherche à les adapter à un tel volume de biomasse, puisque 3 tonnes seront traitées à l'heure. En particulier, le gazéifieur de 15 mégawatts, conçu par le sidérurgiste allemand ThyssenKrupp, a une taille qui permet d'envisager l'échelle industrielle (200 000 tonnes de carburant par an).

Deux sites ont été retenus pour BioTfueL : Venette (60), qui accueillera le torréfacteur, et Dunkerque (59), sur le site de l'ancienne raffinerie de Total, où sera acheminée la poudre, pour être gazéifiée en carburants. Ce ne sera pas forcément le schéma industriel retenu à terme. L'objectif est aussi de disposer de procédés suffisamment flexibles pour s'adapter à différents types de biomasse lignocellulosique (déchets agricoles et forestiers, taillis courte rotation...), et donc d'exporter le concept à l'étranger. Le consortium vise 15 à 20 % du marché mondial des biocarburants de seconde génération, bioéthanols exclus. Sachant que ces derniers représenteront en volume, à l'horizon 2030, environ 8 % de la totalité des biocarburants.

IFP

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