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Un télescope des abysses pour percer les mystères de l'Univers

Claudie Haigneré a inauguré hier à La Seyne-sur-Mer le télescope à neutrinos Antarès, installé à 2 500 mètres de profondeur au large de l'île de Porquerolles (Var). L'installation servira dès 2006 à détecter des neutrinos cosmiques de très haute énergie, venant de toutes les régions du ciel. Les neutrinos sont des particules élémentaires très courantes, mais difficilement détectables, car elles interagissent très peu avec la matière. Par exemple, sur dix milliards de neutrinos émis au centre du Soleil, un seul rentrera en collision avec la matière solaire et se désintégrera. Des neutrinos venant du Soleil ont déjà été repérés dans divers observatoires dans le monde, mais Antarès veut aller plus loin, en cherchant à observer ceux provenant de l'univers entier. Pour en observer le plus grand nombre possible, les physiciens essaient de réaliser des détecteurs de plus en plus grands. Dans le cas d'Antarès, le détecteur occupera un volume délimité par une surface de 10 hectares au fond de la mer et une hauteur de 300 mètres ! Un millier de capteurs de lumière montés sur des lignes verticales de 400 mètres de long ancrées au fond de la mer essaieront de détecter les flashes lumineux produits par le choc d'un neutrino qui traversait la Terre. En fait, Antarès détectera la lumière émise par les produits des neutrinos qui ont traversé la Terre et interagi avec elle au voisinage du fond marin. Les capteurs sont fabriqués par l'homme, mais en revanche le révélateur de l'expérience est la mer Méditerranée elle-même. Le choix du site, à 40 km au large de Porquerolles, a été dicté par la clarté de l'eau de mer à cet endroit, et par la très grande profondeur. Les 2 500 mètres d'eau de mer font écran pour un grand nombre d'autres particules qui provoqueraient des signaux parasites. Ce détecteur des abysses préfigure un projet de télescope semblable, mais encore plus ambitieux, dont le volume détecteur serait d'un kilomètre cube. Ce futur observatoire devrait alors «voir» suffisamment de neutrinos pour dresser une carte des principales sources de ces discrètes particules dans l'Univers.

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20031119.FIG0257.html

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