Grâce à une reconstitution digitale du cœur, les Docteurs Mazen Elfarra, chirurgien cardiaque au CHRU de Nancy, et Michael Angioi, cardiologue interventionnel à la clinique Louis-Pasteur de Nancy, ont pu opérer une nonagénaire dont le pronostic vital était engagé. Alors qu’une intervention lui était contre-indiquée, la simulation numérique a permis de la sauver. Une valve aortique par voie transcathéter (TAVI) lui a été implantée avec succès. C’est une première en France et au CHRU de Nancy dans la pratique courante de remplacement de la valve aortique en percutanée (TAVI).
A Toulouse, le CHU Rangueil vient d'adopter la technologie inHEART, un jumeau numérique 3D du cœur destiné à guider les interventions les plus complexes et basé sur l’intelligence artificielle. Le CHU de Toulouse franchit un cap dans la prise en charge des troubles du rythme cardiaque. Déjà utilisée à l’international, cette innovation est désormais déployée pour la première fois dans un CHU français. Elle permet aux cardiologues d’exploiter les images scanner ou IRM des patients pour obtenir une cartographie précise et instantanée du cœur, directement intégrée aux systèmes d’intervention.
Lors d’interventions telles que les tachycardies ventriculaires, cardioneuroablations ou radioablations, la localisation du substrat (la zone du cœur à l'origine d'une trouble du rythme cardiaque) à traiter reste un défi majeur. Sans imagerie spécialisée, cette étape est longue et complexe... Mais grâce au jumeau numérique d’inHEART, les équipes disposent désormais d’une visualisation détaillée et exploitable en temps réel. Présentée comme un "Google Maps du cœur", la solution permet aux cardiologues de naviguer dans l’anatomie du patient et de cibler précisément les zones d’intérêt.
Selon les chiffres présentés par le CHU de Toulouse, les bénéfices sont immédiats : procédures réduites de cinq à deux heures, amélioration du taux de réussite de 60 % à 75 %, diminution des complications et perspectives de prévention grâce à l’identification précoce d’anomalies. « Nous sommes fiers d’être le premier CHU français à avoir contractualisé avec inHEART. Pour nos équipes, c’est une vraie plus-value lors de nos interventions. Nous disposons d’une vision complète et immédiate de l’anatomie du patient, ce qui rend le ciblage des zones à traiter beaucoup plus objectif. Cela nous fait gagner un temps précieux en évitant la reconstruction manuelle des cartes anatomiques, et nous permet d’aborder chaque procédure avec une précision renforcée ». Un témoignage qui illustre l’intérêt d’un outil déjà utilisé pour plus de 10.000 patients dans le monde, alors que les troubles du rythme constituent la première cause d’AVC et de mort subite.
Ce déploiement s’inscrit dans le cadre de START’hu, le plan stratégique du CHU de Toulouse dédié à l’assistance robotique et aux technologies interventionnelles. Doté de 4,2 millions d’euros, il a déjà permis de financer quatre projets, dont inHEART et le robot Epione pour le traitement des tumeurs abdominales et pulmonaires. L’objectif : moderniser en profondeur les pratiques médico-chirurgicales grâce à l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, les jumeaux numériques ou encore l’impression 3D. Ces outils doivent transformer toutes les étapes du parcours de soins, de la préparation au suivi post-opératoire.
Ce projet n’a pu voir le jour que grâce à la confiance et à l’opiniâtreté du professeur Maury, ainsi qu’à l’engagement des équipes du CHU de Toulouse. Il appelle également à une harmonisation des pratiques entre les différents CHU, afin que « les patients français puissent bénéficier au plus vite des innovations développées par de nombreuses start-up tricolores engagées ».