Les vaccins à ARN messager, comme ceux contre le Covid-19, ont un inconvénient majeur : leur prix élevé. « L’un des défis avec les vaccins à ARNm est le coût », explique Daniel Anderson, professeur au MIT. La raison ? L’ARN messager est fragile et doit être protégé par une enveloppe spéciale appelée nanoparticule lipidique pour survivre dans le corps et atteindre nos cellules. L’équipe d’Anderson, composée d’Arnab Rudra, Akash Gupta et Kaelan Reed, a travaillé sur l’amélioration de cette enveloppe protectrice. Leur nouvelle particule, baptisée AMG1541, a été testée sur des souris vaccinées contre la grippe. Résultat : avec une dose minuscule, les animaux produisaient autant d’anticorps qu’avec les doses actuelles. « C’est une dose presque cent fois inférieure, mais vous générez la même quantité d’anticorps », précise Arnab Rudra.
Les scientifiques ont créé une bibliothèque de nouvelles molécules lipidiques avec des structures en forme d’anneaux et des groupes chimiques particuliers. Après avoir testé différentes combinaisons, ils ont identifié la formule gagnante. La particule AMG1541 possède deux atouts majeurs : elle pénètre mieux dans les cellules en franchissant les barrières internes qui bloquent habituellement les nanoparticules, et elle disparaît naturellement après avoir rempli sa mission. Cette capacité à se dégrader pourrait limiter les effets indésirables liés à l’accumulation de lipides dans l’organisme. De plus, les nouvelles particules se dirigent préférentiellement vers les ganglions lymphatiques, là où se trouvent les cellules immunitaires qui orchestrent notre défense contre les infections.
Bien que testée avec un vaccin contre la grippe, la technologie pourrait s’appliquer à de nombreuses maladies : Covid-19, VIH, et bien d’autres. Pour la grippe saisonnière, l’intérêt est particulièrement significatif. Actuellement, les vaccins traditionnels demandent près d’un an de fabrication, obligeant les laboratoires à deviner quelles souches circuleront l’hiver suivant. « Avec l’ARNm, vous pouvez commencer la production beaucoup plus tard dans la saison et obtenir une prédiction plus précise des souches qui vont circuler », souligne Kaelan Reed. Akash Gupta affirme : « Nous avons constaté qu’elles fonctionnent beaucoup mieux que tout ce qui a été rapporté jusqu’à présent. Pour tous les vaccins intramusculaires, nous pensons que nos plateformes de nanoparticules lipidiques pourraient être utilisées pour développer des vaccins contre un certain nombre de maladies ». Il leur faut maintenant vérifier si les résultats obtenus chez la souris se confirmeront chez l’humain. Si c’est le cas, la vaccination à ARN messager deviendrait bien plus accessible financièrement, notamment dans les pays en développement.
Nature Nanotechnology : https://www.nature.com/articles/s41565-025-02044-6