Des chercheurs américains des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, à Atlanta, en collaboration avec leurs collègues des universités du Texas (Austin) et de Caroline-du-Nord, ont montré qu’un vaccin oral expérimental déclenche la production d’anticorps capables de neutraliser un large éventail de souches de norovirus. Le vaccin pourrait également réduire la quantité de virus excrétée par les personnes infectées, ce qui laisse espérer qu’un vaccin à large spectre de protection pourrait bientôt voir le jour. Le norovirus est un virus extrêmement contagieux qui se transmet par des aliments ou de l’eau contaminés, par les surfaces souillées ou par contact direct avec une personne infectée – y compris par des particules en suspension dans l’air provenant de vomissements ou de diarrhées.
Si la plupart des personnes touchées s’en remettent, le virus représente une menace sérieuse pour les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées. On estime qu’il est responsable d’environ 200 000 décès par an, dont 70 000 chez des enfants vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Mettre au point un vaccin contre le norovirus s’est avéré particulièrement difficile, car le virus est un maître du camouflage : il mute fréquemment pour échapper au système immunitaire, avec une grande diversité de variantes génétiques.
Plusieurs candidats vaccins sont néanmoins en cours de développement clinique, dont un vaccin à ARN messager (ARNm), plusieurs vaccins à base de pseudo-particules virales, ainsi qu’un vaccin oral utilisant un adénovirus affaibli et modifié pour livrer une protéine du norovirus – appelée VP1 – aux cellules humaines. C’est cette dernière stratégie – un vaccin dit "à vecteur viral" – qui a fait l’objet du présent essai clinique.
La Docteure Park et ses collègues ont testé un vaccin oral expérimental contre le norovirus, développé par l’entreprise Vaxart et baptisé VXA-G1.1-NN. Ils ont voulu déterminer si ce vaccin pouvait déclencher des anticorps protecteurs contre le virus et/ou prévenir l’infection, en administrant le vaccin ou un placebo à 165 volontaires, dont certains ont ensuite été volontairement exposés au norovirus. Ils ont découvert que le vaccin ne se contentait pas de préparer le système immunitaire à combattre l’infection en déclenchant la production d’anticorps contre la protéine VP1, à la fois dans le sang et dans la muqueuse intestinale : il réduisait également la quantité de virus excrétée par les personnes infectées, dans leurs selles comme dans leurs vomissements – un élément clé pour limiter la transmission. Une analyse moléculaire poussée a par ailleurs révélé que certaines personnes produisaient des anticorps capables de neutraliser plusieurs souches de norovirus, y compris celles responsables d’environ 75 % des épidémies mondiales. Le vaccin ne se contente pas de réduire les infections : il diminue aussi la quantité de virus présente dans les selles jusqu’à une semaine après l’exposition, même chez les personnes qui ne tombent pas malades. Il limite également la fréquence des vomissements et la charge virale contenue dans ces vomissements, ce qui pourrait réduire deux voies majeures de transmission.
Science Translational Medicine : https://www.science.org/doi/10.1126/scitranslmed.ads8214#con1