Une étude austro-espagnole s'est intéressée au lien entre l'évolution de la santé mentale chez les jeunes et le déploiement de la fibre optique dans le pays. Dans l’étude, la chercheuse Esther Arenas Arroyo compare, pour chaque année, les régions où la fibre est déjà déployée à celles où ce n’est pas le cas. Pour mener cette étude, l'autrice a croisé les données entre l'évolution du déploiement de la fibre et les données hospitalières, notamment concernant les tentatives de suicides chez les jeunes, mais aussi les dépressions. Tout en faisant une distinction entre les filles et les garçons.
L'étude montre tout d'abord que le déploiement de la fibre optique en Espagne a augmenté le temps passé devant un écran, réduit le sommeil, les études et les interactions sociales, et encouragé la gestion de la détresse émotionnelle en ligne. Mais surtout, l'étude montre que les jeunes filles sont particulièrement exposées à une dégradation de leur santé mentale. Le déploiement de la fibre a entraîné une diminution du sommeil de 10,7 % chez les filles, une baisse du temps consacré aux devoirs de 15,6 % ou encore une baisse du temps passé à se sociabiliser de 22,7 %.
Au final, l'étude note une augmentation de 13,48 % des cas d’automutilation et tentatives de suicide chez les filles de 15 à 19 ans, et une hausse de 4,24 % des cas de troubles mentaux et comportementaux dans cette même tranche d'âge, comme l'illustre parfaitement ce graphique issu de l'étude. Chez les garçons, aucun effet significatif n'a été remarqué. Les filles sont bien plus vulnérables aux effets psychologiques négatifs liés au déploiement de la fibre, note l'étude, évoquant par exemple les comparaisons sociales, l'image de soi ou encore l'isolement.
L'étude conclut à un lien de causalité entre l'accès à la fibre et l'augmentation des problèmes de santé mentale chez les adolescents, en particulier les filles. « L'adolescence étant une étape cruciale pour le développement social et émotionnel, et les difficultés de santé mentale rencontrées durant cette période pouvant avoir des conséquences à long terme sur les résultats scolaires et professionnels, il est crucial d'approfondir l'étude du lien entre les médias sociaux et le bien-être des adolescents » souligne l'autrice de l'étude, qui en appelle à des interventions politiques visant à atténuer les effets négatifs potentiels de l'exposition numérique sur la santé mentale des adolescents. Ces recherches confirment une autre étude américaine publiée en février dernier dans une revue de l'Académie nationale des sciences américaine. Elle montrait qu’il suffirait de couper l'accès à Internet sur son téléphone pendant quelques jours pour observer des effets positifs sur la santé mentale et cognitive.
Science Direct : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167629625000499?via%3Dihub#sec0017