La police fédérale australienne a annoncé qu'elle comptait prochainement utiliser les échantillons ADN collectés sur les scènes de crime pour réaliser un ensemble de prévisions sur les suspects. Cette technologie, appelée le phénotypage, permet de déterminer le sexe biologique du suspect, son ascendance et son apparence physique. La police australienne aurait même déjà utilisé une variante de cette technique pour identifier un suspect, mais aussi les restes d'une victime.
La police australienne utilise une technologie appelée "séquençage parallèle massif". Cela permet aux machines de lire des milliards de lignes de séquençage ADN très rapidement. En y ajoutant des calculs prédictifs, cela évite de se limiter aux données ADN disponibles dans les bases de la police. Cela peut se révéler précieux dans le cas de personnes portées disparues, pour identifier des restes ou pour exclure certains suspects de sa liste. La police australienne entend l'utiliser pour déterminer la couleur des yeux d'un suspect et bientôt celle de ses cheveux. D'ici à 10 ans, elle devrait évoluer pour prédire l'âge, la masse corporelle, la taille, la distance entre les yeux, la forme des oreilles, la structure osseuse des joues…
Oui, si l'on en croit les deux scientifiques, car les prévisions peuvent dépasser le simple domaine de l'apparence et s'attacher à la santé, physique et mentale des personnes. « Il sera très important de dessiner les limites de ce qui peut être prédit avec ces techniques », indiquent-ils, « et quand et comment les utiliser ». Pour le moment, aucune loi australienne n'encadre clairement le phénotypage ADN.
Au-delà même des questions de vie privée, on peut aussi s'interroger sur les biais racistes que ce type de technologie entraîne. En Australie, certaines ethnicités sont davantage suspectées par la police, en particulier les peuples indigènes. Une étude récente montre que trois personnes sur quatre ont des préjugés racistes, conscients ou inconscients, sur cette population. Le phénotypage reste une forme de prédiction incertaine et sujette à des interprétations.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash