Le lithium est connu pour inhiber l’activité de la glycogène-synthase- kinase 3, une enzyme impliquée notamment dans les phénomènes de cancérisation. Partant de ce constat, une équipe de l’Université de Kaohsiung (Taïwan) a évalué, chez des sujets avec une maladie bipolaire recevant du lithium, l’incidence de ce traitement sur le risque de cancer associé à cette problématique bipolaire.
Réalisée sur un échantillon représentatif d’un million de personnes extrait du registre taïwanais d’assurance-maladie (National Health Insurance Research Database créé en 1995 et concernant « plus de 90 % des 23 millions d’habitants de Taïwan »), cette étude rétrospective de cohorte porte en définitive sur 4 729 sujets, suivis jusqu’à leur décès, leur sortie de l’étude, ou la fin de l’année 2010.
Les auteurs ont comparé les taux de cancer pour ces trois groupes de patients : 3 250 sujets (68,78 %) recevant seulement des anticonvulsivants (souvent utilisés aussi comme des stabilisateurs de l’humeur, indépendamment de leur indication initiale, la comitialité), 1 109 sujets (23,5 %) recevant des anticonvulsivants associés au lithium et 370 sujets (7,8 %) recevant uniquement du lithium.
Constat principal des auteurs : comparativement au traitement par les seuls anticonvulsivants, l’exposition au lithium se révèle associée à une réduction significative de l'ordre de 25 % du risque de cancer. Les données analysées permettent d’ailleurs de montrer que cet effet protecteur du lithium sur le risque de cancer chez les sujets bipolaires est « de type dose-réponse. » Mais d’autres recherches plus détaillées sont encore nécessaires pour préciser cet impact éventuel du lithium sur les différents types de cancer.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash