Sommes-nous plus intelligents ou au contraire plus stupides que nos ancêtres vivant à l'époque de Louis-Philippe ?
Selon une étude de l'université d'Amsterdam, dirigée par le professeur Jan te Nijenhuis, les habitants du monde occidental auraient vu leur intelligence sérieusement décliner depuis un siècle et demi. Pour en arriver à cette conclusion alarmante, ces chercheurs ont réalisé une méta-analyse de quatorze études menées entre 1884 et 2004 et ayant toutes comme sujet l'évaluation de l'intelligence humaine, grâce à certaines mesures physiologiques et sensorielles objectives.
Chacune de ces études avait notamment mesuré le temps de réaction visuelle des participants. Ce temps constitue un bon indicateur de la rapidité avec laquelle le cerveau traite l'information et ce paramètre a été retenu par l'étude comme manifestation de l'intelligence. Entre le milieu du XIXe siècle et 2004, ce temps de réaction est passé en moyenne de 194 à 275 millisecondes, soit un allongement de 42 %. Selon cette étude, le QI moyen aurait donc chuté de 14 points au cours de cette période.
Mais comment expliquer un tel déclin ? Selon les chercheurs, il serait dû au fait que les femmes les plus intelligentes ont moins d'enfants que les autres et ce lien entre le nombre d'enfants et le QI serait très clair tout au long du siècle dernier.
Mais un autre spécialiste, le professeur Gerald Crabtree, de l'université de Stanford, souligne que la tendance des femmes les plus intelligentes à avoir moins d'enfants ne permet pas d'expliquer entièrement cette forte diminution du QI moyen global. Selon le professeur Crabtree, il est possible que l'intelligence humaine ait tout simplement commencé à décliner à partir du moment où la pression de l'environnement et la sélection naturelle ont été moins fortes (et les conditions de vie meilleures), c'est-à-dire à partir du Néolithique, il y a 11 000 ans.
Toutefois, ce déclin général du QI en Occident ne fait pas l'unanimité dans la communauté scientifique. D'autres études menées au cours de ces 50 dernières années et notamment les travaux réalisés par James Flynn, de l'université d'Otago à Dunedin (Nouvelle-Zélande), ont au contraire montré une progression du QI de l'ordre de 21 points entre 1952 et 1982.
Les causes de cette augmentation importante du QI global seraient liées à des facteurs environnementaux : amélioration de la qualité de la nutrition, allongement et généralisation de la scolarité, amélioration globale de l'état de santé et enrichissement du milieu informationnel et culturel.
Le professeur Te Nijenhuis ne nie pas l'existence de ces facteurs environnementaux mais considère qu'en réalité, ceux-ci auraient masqué le déclin intrinsèque de l'intelligence humaine.
On le voit, ce débat dans lequel interviennent des considérations sociales, politiques et idéologiques, est loin d'être clos, d'autant plus qu'il faudrait que les scientifiques parviennent à s'accorder sur la définition exacte de l'intelligence, ce qui est loin d'être le cas.
Si l'on admet en effet, comme le propose la théorie des intelligences multiples de Gardner, qu'il existe une dizaine de formes différentes d'intelligence, on peut être conduit à émettre l'hypothèse que certaines formes d'intelligence ont très bien pu décliner au cours du siècle dernier alors que d'autres augmentaient…
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash