Depuis les origines de l'informatique, dans les années 40, les ordinateurs fonctionnent selon la logique binaire, en manipulant des 0 et des 1.
Mais cette réalité va peut-être changer plus tôt qu'on ne le pense. Partout dans le monde les grands centres de recherche, les universités et les géants du secteur numérique travaillent sur la mise au point d'ordinateurs quantiques. Microsoft, IBM et Hewlett-Packard, pour ne citer que ces firmes, consacrent d'importants moyens de recherche pour progresser dans cette voie prometteuse mais déroutante.
En effet, un ordinateur quantique n'est pas une amélioration de l'ordinateur binaire mais fonctionne selon des principes physiques radicalement différents. Cette machine exploite les étranges propriétés de la physique quantique qui ne s'exprime qu'au niveau atomique et sont extrêmement difficiles à contrôler. Pour le dire simplement, l'ordinateur quantique n'utilise plus des bits, mais des "qbits", c'est-à-dire qu'il manie des entités physiques et mathématiques qui peuvent simultanément prendre plusieurs états.
Selon le New York Times, Lockheed Martin, qui s'est associé à la société canadienne D-Wave Systems il y a deux ans, serait sur le point de commercialiser le premier ordinateur quantique opérationnel.
Ray Johnson, directeur technique de Lockheed, a précisé que son entreprise comptait utiliser ce type de machine pour concevoir et tester des systèmes aéronautiques et spatiaux complexes. Avec un ordinateur quantique, Lockheed pourrait par exemple prévoir instantanément comment le logiciel de gestion d'un réseau de satellites réagira à une éruption solaire ou à une explosion nucléaire. Une telle prévision serait aujourd'hui tout simplement impossible car elle demanderait des semaines sinon des mois de calcul informatique.
Comme le souligne Ray Johnson, « Cette révolution qui s'annonce n'est pas sans rappeler les débuts de l'informatique car elle représente une rupture dans la manière même dont nous calculons et mettons le monde sous forme de représentations mathématiques numériques ».
Parmi les nombreux secteurs qui pourraient être bouleversés par l'arrivée de l'informatique quantique, il faut citer le domaine de la biologie et de la génétique. En cancérologie par exemple, les ordinateurs quantiques pourraient concevoir très rapidement, à partir de gigantesques bases de données, de nouvelles molécules thérapeutiques. Plus largement, en biologie ce type de machine serait assez rapide pour prévoir et simuler le comportement de l'ensemble des protéines produites par le génome humain.
Les chercheurs de Google sont également très intéressés par ce type de machine qui leur permettrait notamment de faire des pas de géant dans leur projet de voiture intelligente et autonome.
Le secteur bancaire et financier, gros consommateur de données numériques, pourrait également remplacer ces dizaines de milliers de gros systèmes informatiques par quelques machines quantiques qui pourraient faire le même travail et même plus, pour un coût bien inférieur.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash