La société française de biotechnologies Deinove a annoncé être parvenue à produire du bioéthanol de deuxième génération via une bactérie, revendiquant une "première mondiale" qui simplifie le processus de fabrication habituel et permet d'en réduire le coût. Ses équipes de recherche et de développement "sont parvenues à isoler et à optimiser une souche de bactéries déinocoques capable de produire de l'éthanol à partir d'une biomasse végétale industrielle à base de blé", indique l'entreprise basée à Montpellier dans un communiqué. Une solution contenant plus de 3 % d'alcool - et donc 3 % d'éthanol pouvant être utilisé dans ou à la place de l'essence - a été obtenue, précise Deinove.
Pour parvenir à une application industrielle, il faudrait atteindre 8 %, a expliqué son directeur général, Jacques Biton. "Mais nous sommes partis de 0,0001 %", a-t-il souligné. Selon lui, le procédé - soutenu par le groupe français du sucre et de biocarburants Tereos et la banque publique Oseo - pourrait atteindre une production industrielle en 2014. Outre le fait qu'il n'utilise pas de matière végétale comestible, le procédé mis au point a aussi l'avantage de ne nécessiter qu'une étape, sans l'ajout habituel d'enzymes ou de levures, souligne l'entreprise. S'il valide son concept, Deinove pense pouvoir réduire de 20 à 30 % le coût de fabrication actuel des biocarburants.
Les biocarburants dits de deuxième génération, l'éthanol ou le biodiesel, utilisent des déchets ou des végétaux non comestibles par l'homme, par opposition à la première génération qui utilise des céréales, des plantes sucrières ou des oléagineux pour faire du carburant.
Alors que la production de bioéthanol est aujourd’hui limitée à la biomasse alimentaire et utilise des procédés anciens impliquant des étapes multiples et la fermentation à l’aide de levures, le procédé « tout en un » d’usine bactérienne fondée sur le déinocoque ouvre la voie à l’exploitation de la biomasse non-alimentaire (déchets de la filière agricole, biomasse végétale…) et à des procédés plus efficaces, plus propres et moins coûteux.
Cette percée technologique intervient alors que le ministre de l'Agriculture vient d'annoncer une "pause" de la France dans les biocarburants de première génération, accusés de contribuer à la flambée des cours des céréales.