Bien que les premiers robots exécuteront d'abord des ordres préprogrammés, l'enjeu sera par la suite de les rendre vraiment intelligents, afin de pouvoir interagir avec eux comme avec des humains. Pas question de considérer nos puces actuelles et même nos supercalculateurs pour y arriver, ils sont à peine plus intelligents que des insectes ! Il faudra plutôt passer à des puces révolutionnaires faisant appel à la physique quantique ou fonctionnant à l'ADN.
La première évolution qui arrivera sera la puce quantique, aux alentours de 2020. Son prix prohibitif de plusieurs millions de dollars fait en sorte qu'elle ne sera intégrée en premier lieu qu'aux super calculateurs, tout aussi dispendieux. Néanmoins, le prix de ces puces baissera éventuellement pour être davantage à la portée du grand public. Qu'est-ce qui distingue les puces quantiques de nos processeurs ? Un programme est traité par un ordinateur sous forme de suites de chiffres - des codes binaires composés de 0 et 1 - qui sont lues et interprétées par le processeur. Plus ce dernier est puissant, plus il traite ces calculs rapidement.
Le problème des puces actuelles vient du fait que les calculs sont effectués en série, c'est-à-dire les uns après les autres. Dans le domaine quantique, ces opérations se déroulent en parallèle, soit en même temps. Cette façon de procéder permettra d'atteindre une puissance de calcul telle, qu'un ordinateur quantique parviendrait à casser les méthodes de cryptage informatique (servant à sécuriser un fichier, par exemple) les plus performantes d'aujourd'hui en seulement quelques minutes, voire quelques secondes. Les ordinateurs actuels auraient plutôt besoin de quelques milliers d'années. L'une des premières applications grand public que nous verrons apparaître sera la traduction instantanée. Tout document écrit ou parlé sera traduit en n'importe quelle langue, en temps réel, d'une façon beaucoup plus poussée et intelligente que Google translate par exemple.
Les processeurs biologiques utilisent l'ADN, qui est composé de deux brins formant une double hélice. Pour créer des processeurs biologiques, des milliards de brins d'ADN sont introduits et déposés sur une feuille d'or. Le recours à l'ADN s'explique par sa particularité de pouvoir effectuer des centaines d'opérations en même temps. Ainsi, imaginez la puissance de milliards de brins calculant des milliers de trillions d'opérations à la seconde !
Même le plus récent supercalculateur, qui contient plus de 88 000 processeurs, passerait pour une simple calculatrice face à un seul processeur biologique. Tout comme les processeurs quantiques, cette technologie est à un stade avancé de développement. Aujourd'hui, un robot comme Asimo de Honda peut effectuer des tâches complexes, mais dans un environnement contrôlé. Il peut comprendre une phrase du type «pourrais-tu aller me chercher de l'eau ?» et s'exécutera alors en allant chercher de l'eau à un endroit prédéterminé, et la versera même dans un verre.
Mais l'apport d'un ordinateur quantique permettrait de passer un niveau supérieur, comme : «apporte-moi l'eau qui est dans le garage, je ne sais plus où je l'ai rangée, alors cherche.» Ainsi, l'intégration de puces quantiques et à ADN, agissant de façon complémentaire dans un robot, nous mènera directement aux fantasmes des auteurs de science-fiction : un robot capable de comprendre réellement tout ce qu'on lui dit, et qui n'obéirait pas seulement à des ordres préprogrammés.