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Fibre optique : la couverture du territoire plus coûteuse que prévu

Grand chantier pour l'aménagement du territoire et la réduction de la fracture numérique, le déploiement de la fibre optique en France est aujourd'hui sur les rails. D'un côté, les règles du jeu ont été fixées et validées, notamment en zones denses. De l'autre, le gouvernement a décidé d'utiliser 2 milliards d'euros tirés du grand emprunt pour soutenir la couverture.

Concrètement, dans les zones denses, les opérateurs investiront seuls puisque la rentabilité sera très vite au rendez-vous. Dans les zones moyennement denses, des appels à projets régionaux seront lancés d'ici six mois pour encadrer le déploiement de la fibre. Il s'agira d'associer opérateurs et collectivités.

Enfin, dans les zones rurales, le gouvernement a retenu un schéma de cofinancement des projets des collectivités territoriales puisqu'il est acquis que les opérateurs n'équiperont pas ces zones, le retour sur investissement étant loin d'être assuré.

Objectif affiché par l'Elysée : couvrir 100 % du territoire d'ici 2025. Pour autant, les coûts de déploiements pourraient être bien supérieurs à ce qui a été prévu. Et l'Etat pourrait avoir à mettre à nouveau la main à la poche.

C'est ce qui ressort d'une étude menée par Tactis pour la Datar (délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale).Les auteurs estiment d'abord que conduire la fibre optique jusqu'à chaque habitation et entreprise coûterait 30 milliards d'euros décomposés comme suit :

500 000 km pour desservir les 80 % de prises situées dans les zones les plus denses : coût 15 milliards d'euros, 300 000 km supplémentaires pour atteindre 95 % de taux de couverture : coût 8,5 milliards, 300 000 km pour desservir les cinq derniers pourcents : coût 7 milliards.

L'étude souligne ensuite que sans soutien public, seul 25 % à 40 % de la population aura le très haut débit. Plusieurs scénarios sont alors possibles...

80% de la population et des entreprises couverts en fibre optique jusqu'à l'abonné (FTTH) : coût total :15 milliards d'euros, financement public à mobiliser : 6 milliards.

100 % de la population et des entreprises couverts : coût total : 30 milliards, financement public à mobiliser : 15 milliards,

100 % de la population et des entreprises couverts dont 80 % en FTTH, 5 % par équipement des sous-répartiteurs et 15% en 4G/LTE : coût total : 18 milliards, financement public à mobiliser : 8 milliards d'euros.

Dans tous les scénarios, l'effort de l'Etat est donc largement supérieur à ce qui est prévu, une couverture à 80% exigera ainsi un investissement trois fois supérieur aux 2 milliards initialement débloqués.

La mise de départ semble donc insuffisante pour soutenir une couverture massive et globale (notamment dans les habitats dispersés). Il faudra donc trouver des ressources ailleurs. Pour certains, la solution n'est pas compliquée à trouver. La CFE-CGC/UNSA, un syndicat de cadres de France Télécom remet à nouveau sur le tapis le rôle des géants du Web qui profitent de la montée en charge des réseaux sans participer à leurs financements.

Les subventions liées au Grand Emprunt, seront vraisemblablement insuffisants pour couvrir 70% de la population sous 10 ans. Il devient donc nécessaire de trouver des ressources complémentaires pour financer les réseaux. L'État mettra-t-il en oeuvre son projet audacieux de taxer la publicité sur Internet ? Il serait en effet logique que des « pure players » tels Google, qui bénéficient directement des nouvelles richesses créées par le développement d'Internet, contribuent au financement des réseaux sans lesquels leur activité ne pourrait exister. Au même titre que les chaines de télévision sont taxées pour financer l'industrie cinématographique", peut-on lire dans une tribune de ce syndicat.

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