RTFlash

Le web, c'est un peu la télévision d'hier

Le mois dernier, d'après Nielsen, Yahoo a été vu par plus de foyers que X-Files. Yahoo est plus populaire que Ally McBeal et autres NYPD Blues selon les mêmes critères de sondage hebdomadaire. Les grands sites web sont aujourd'hui autant regardés que n'importe quelle série télé. Quand on analyse la portée de sites comme Yahoo, il est tentant d'en conclure que le Net est désormais comme la télévision. Mais rien n'est moins vrai. La remarquable explosion démographique des internautes n'est qu'une facette du problème. Le reste s'explique par la fragmentation croissante du paysage télévisuel et la centralisation, qui augmente sur le web. Vus sous un certain angle, ces chiffres communiqués par Nielsen donnent l'impression que tous les Yahoo et consorts sont en train de se transformer en quelque chose d'aussi centralisé que la télévision. Mais la vérité est plus complexe - et plus intéressante. En cette ère du câble, du satellite et des balbutiements de la télévision numérique, tout est aujourd'hui affaire de programmes confidentiels. Alors que la télévision se décentralise à cause de l'augmentation du nombre de chaînes disponibles, les mêmes pressions obligeaient le coeur du web à se centraliser. Le Net élimine les goulots d'étranglement technologiques, mais crée des goulots d'étranglement en termes d'intérêt, contrairement à la télévision, dont l'univers est si petit qu'on peut en tenir la chronique dans un seul magazine. Les gens qui prêchaient des idées traditionnelles de convergence entre le web et la télévision ont commis une erreur de calcul fondamentale. Ils ont parié sur un paysage télévisuel plus stable et sont partis du principe que quand le Net atteindrait des dimensions comparables il serait lui aussi comme la télévision - alors que la réalité est nettement plus fluide. Le web n'est pas un mass media et ne le sera jamais. Mais la télévision ne l'est plus non plus. Les médias seront toujours massifs, mais c'en est fini des mass medias. Ils ont disparu, tués par l'explosion des possibilités, déchiquetés en un millier de secteurs confidentiels.

Courrier International http://www.courrierint.com/hebdo/somheb.htm

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top