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Les vrais débuts du haut débit

L'Internet rapide sous le sapin? «C'est la première année qu'on me demande des packs ADSL pour Noël.» Ce vendeur d'une agence parisienne de France Télécom n'en revient pas. Le groupe confirme qu'il vend plus de 1 000 accès par jour en France depuis trois semaines. Aujourd'hui, les opérateurs rivalisent de campagnes promotionnelles: affichage et spots radio. Depuis le milieu de 2001, cette technologie, qui démultiplie les capacités de la ligne téléphonique à l'aide d'un modem spécifique, a quitté la rampe de lancement. Le marché évalué par l'Idate, un institut spécialisé dans les télécommunications, à un peu moins de 500 000 abonnés à la fin de l'année (contre 350 000 en juin) est en progression rapide (1). Toutefois, inutile de s'emballer, seuls 7 % des internautes français ont choisi le haut débit. Pour l'année à venir, l'observatoire de l'Autorité de régulation des télécommunications (ART) prévoit 1,3 million d'internautes ADSL. Dans la famille haut débit, la technologie ADSL dépasse désormais celle du câble qui compte 152 000 abonnés à la fin de l'année. Lancées en novembre 1999, les premières offres ont peiné à séduire les utilisateurs. Elles sont encore chères (plus de 400 francs mensuels tout compris) et cantonnées à certaines régions seulement. De fait, avant juin 2001, le câble, moins onéreux et plus largement opérationnel sur le territoire, représentait deux tiers des accès haut débit, contre un tiers pour l'ADSL. C'est exactement l'inverse aujourd'hui: le câble se limite à 650 communes et l'ADSL couvre, lui, 66 % de la population. Autre difficulté, en France, l'incontournable France Télécom, via sa filiale Wanadoo, truste le marché. Il existe bien des offres chez Club-Internet, 9 Online ou LibertySurf, mais l'opérateur historique, favorisé par sa mainmise sur les infrastructures, détient près de 90 % des parts de ce marché. Frein principal du développement français: les tarifs, dénoncés sans relâche par le collectif Libre ADSL. Monté cet été à l'initiative du directeur général de Télé2 Jean-Louis Constanza, Libre ADSL vient de publier un «livre noir de l'Internet» (3). «L'Internet grand public ne se démocratisera pas sans l'ADSL, car cette technologie permet des applications plus ludiques», clame Jean-Louis Constanza qui se plaint des montants excessifs que les opérateurs doivent reverser à France Télécom pour l'exploitation de son infrastructure. «En baissant les tarifs, beaucoup d'internautes basculeraient vers l'ADSL. Le montant pivot se situe entre 200 et 240 francs mensuels contre 300 francs aujourd'hui», poursuit Jean-Louis Constanza. Paradoxe savoureux, la Commission européenne a accusé France Télécom en fin de semaine dernière de vendre son accès Internet haut débit à perte pour empêcher la concurrence. En clair, l'ADSL de France Télécom est encore trop peu cher pour Bruxelles qui soupçonne, par ailleurs, l'opérateur français d'abus de position dominante.

Libération : http://www.liberation.com/quotidien/semaine/011227-040015060ECON.html

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