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La voiture sans carburant, c'est pour 2008

Ce n'est pas un poisson d'avril : le 3 décembre dernier, sur le coup de 13 h 30, nous avons conduit une voiture à air comprimé. Point d'essence à bord, il faut nous croire sur parole, juste du bon vieil air, stocké dans des bouteilles à haute pression comme dans les plongées du commandant Cousteau. On ouvre une vanne, ça fait pschiiiitt !!! et le moteur démarre, bon sang de bonsoir, il démarre au quart de tour ! OK, ce prototype n'est pas une bête de race, il fait un bruit très sixties de Panhard Levassor et il n'y a même pas de lunette arrière dégivrante. Mais on en a bien assez sous le capot pour partir en balade et, au prix du vent en bombonne, il serait mal venu d'aller se plaindre au constructeur.

Au reste, Guy Nègre - c'est lui - ne nous entendrait même pas. Voilà bientôt deux décennies que cet ingénieur un peu allumé, passé par la F1 et la construction aéronautique, travaille à cette invention du diable. Et aujourd'hui qu'elle est au point, il jubile comme un gosse à Noël. «Zéro pollution et 1 euro les 100 kilomètres, qui dit mieux ?» Personne. Si tout va bien, ses premières voitures sortiront d'ici quelques mois de son usine de Carros, près de Nice, et elles ne feront pas un bruit de Panhard, promet-il.

Nègre peut remercier Tata Motors. Alors que le monde entier se fichait de sa pomme, les dirigeants de ce grand constructeur indien (450 000 automobiles produites en 2007) n'ont pas hésité à traverser les mers pour se pencher sur sa trouvaille. Et, après des mois de vérifications, à lui verser 20 millions d'euros contre le droit de l'utiliser pendant dix ans sur le territoire indien. C'était en janvier 2007. Depuis, les comptes de MDI, la société de notre génial industriel, ont retrouvé des couleurs, ses bureaux d'études sont envahis par des délégations du monde entier - «j'ai encore reçu des Iraniens et des Coréens la semaine dernière» - et les moqueurs ont mis leurs sarcasmes en veilleuse.

«Nous suivons le dossier avec grande attention», confesse la direction de Renault, qui pouffait encore de rire à sa seule évocation, il y a quelques mois. Même retournement stratégique chez les fonctionnaires de l'Ademe (agence pour les économies d'énergie), qui, après les avoir snobés pendant des années, trouvent subitement un intérêt aux travaux de Guy Nègre. «Intellectuellement, rien ne s'oppose à ce que son moteur fonctionne», reconnaissent-ils en mangeant leur chapeau.

Il faut dire qu'entre-temps notre homme a mis un peu d'essence dans son air. A l'origine, son idée était de faire rouler des autos par la grâce unique des bouteilles de plongée, comme le prototype que nous avons conduit. Deux euros et deux minutes d'arrêt à une borne de compression dans une station-service - ou cinq heures de raccordement au secteur dans son garage - suffisant à faire le plein, l'affaire paraissait jouable. Problème : en mettant les choses au mieux, l'autonomie de ces voitures ne dépassait pas 200 kilomètres en ville, et à peine 50 sur route. Point assez pour séduire une large clientèle. Le maître de Carros a donc modifié son moulin pour qu'il puisse tourner aussi à l'essence, et recharger lui-même les bouteilles en roulant. Et il a conçu au passage une petite merveille, protégée par 47 brevets, et suffisamment performante pour faire saliver tous les motoristes de la terre.

Capital

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