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La voiture du futur devra être à l'écoute du conducteur

L'automobile du XXIe siècle sera communicante ou ne sera pas. A l'heure où chaque objet se doit d'être « intelligent », la voiture ne pouvait rester à l'écart de la révolution Internet. Le conducteur, déjà connecté chez lui, dans la rue ou au travail, le restera sur la route et dans les embouteillages. C'est ce que les futurologues appellent la « continuité d'usage » : l'automobiliste utilisera tous les services embarqués dans sa voiture par l'intermédiaire d'un terminal qui lui est déjà familier, son téléphone mobile ou son assistant personnel digital (PDA), si possible en se contentant de lui parler. La troisième édition d'Incartech, le Salon du véhicule intelligent, qui s'est tenu les 5 et 6 décembre au CNIT, à la Défense, permet cependant de mesurer le chemin à parcourir pour que chacun bénéficie des agréments que les constructeurs et les opérateurs de télécoms commencent à imaginer. Ou même des services déjà utilisés par les professionnels (taxis et transporteurs), tels que les systèmes d'aide à la navigation, à la gestion de flotte de véhicules ou aux appels d'urgence automatique en cas d'accident. Venu en force au CNIT, PSA Peugeot Citroën a présenté sa réplique au concept-car « 24/7 » de Ford et à la Laguna II de Renault avec ses deux écrans. Créé en mars 2000 par PSA et Vivendi, le portail Egery (www.egery.com) a pour objectif de proposer à l'automobiliste un bouquet de services liés à l'utilisation d'Internet. Le prototype de la Xsara qui en bénéficie est équipé à l'avant d'un support d'accueil d'un PDA de Compaq, sur lequel peuvent s'afficher en couleurs les stations de radio, les morceaux joués (qu'on peut acheter en ligne), l'état du trafic, l'itinéraire le plus rapide, les rendez-vous à prendre avec le concessionnaire, le tout commandé à la voix grâce à un système de reconnaissance vocale. Deux écrans intégrés dans les appuie-tête avant permettent aux passagers de l'arrière de surfer sur Internet, de jouer à un jeu vidéo ou encore de visionner un film. Ces services embarqués ne sont qu'expérimentaux, et leur efficacité dépendra du déploiement de la norme de téléphonie mobile de troisième génération UMTS, qui offrira des débits beaucoup plus importants qu'aujourd'hui. Elle devrait en effet permettre d'alléger l'équipement embarqué, le calculateur et les banques de données étant hébergés sur un serveur distant que la voiture interrogera à volonté. Pour toucher un plus large public, il faudra inventer un autre modèle économique. « Si le prix n'est pas très bas, voir quasiment nul, on aura beaucoup de mal à implanter ces services », prédit Didier Cruse, de la direction marketing de Citroën, rappelant que direction assistée et climatisation n'ont fait leur entrée dans les véhicules bas de gamme que lorsqu'elles ont été offertes « pour 1 franc ». « La seule solution est de faire pression sur les volumes », reconnaît Jacques Christophe Midey, directeur de la stratégie télématique chez PSA, qui promet des systèmes embarqués autour de 700 euros (4 600 francs) dans les six mois à venir. La montée en puissance dépendra aussi de la capacité des opérateurs à s'entendre sur des standards communs, ainsi que sur des modes de facturation des services dont le modèle est encore incertain. Technologiquement, le principal facteur limitant reste le manque de maturité des systèmes de reconnaissance et de synthèse vocales, condition d'un dialogue homme-machine laissant le conducteur relativement maître de son véhicule. Le vocabulaire qu'une puce spécialisée reconnaît reste aujourd'hui de 25 à 250 mots, après un entraînement parfois fastidieux, mais, « en 2003 ou 2004, le vocabulaire sera bien plus vaste, et le coût acceptable », promet Hans Van der Linde, directeur du contrôle vocal chez Philips Speech Processing, qui n'espère cependant pas que le langage naturel soit compris par la voiture avant 2005. L'autre inconnue de taille est le « saut psychologique » que l'utilisateur aura à effectuer pour s'approprier cette technologie. « Autant elle nous paraît naturelle dans les films de science-fiction, souligne-t-il, autant nous restons timides dans la vie réelle quand il s'agit de parler à une machine. »

Le Monde :

http://www.lemonde.fr/article/0,2320,seq-2077-126009-QUO,00.html

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