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Vers un vaccin à ADN contre le VIH et le cancer du foie

Au Centre hospitalier universitaire de Nantes, des scientifiques du laboratoire Immunologie et nouveaux concepts en immunothérapie travaillent sur un vaccin à ADN perfectionné. Les premiers essais, réalisés sur des animaux, sont prometteurs. La technique a aussi fait ses preuves dans la prévention du carcinome hépatocellulaire, l’un des cancers les plus mortels, sur des modèles animaux.

Cette forme de vaccin a été médiatisée lors de la pandémie de Covid-19. « Les vaccins à acides nucléiques consistent à faire fabriquer un antigène par le corps que l’on veut protéger », explique Bruno Pitardet, directeur de cette nouvelle étude. Ensuite, l’organisme synthétise cet antigène, ce qui entraîne la fabrication d’anticorps. Pour que tout cela fonctionne, le chercheur ajoute qu’il faut « stimuler la réaction immunitaire innée », soit la mise en action de signaux d’alerte qui vont déclencher la réponse immunitaire.

Dans leur essai, les scientifiques du CHU de Nantes sont parvenus à stimuler cette réaction immunitaire parce qu’ils ont réussi à mieux diriger l’ADN du vaccin. « De nombreux vaccins à ADN étaient conçus comme ceux à ARN », développe Bruno Pitard. « L’entrée dans la cellule se faisait par endocytose, c’est-à-dire par repli sur elle-même de la membrane cellulaire : c’est dans la bulle ainsi créée (l’endosome) que se trouvent les protéines qui reconnaissent l’intrusion d’ARN et déclenchent la réaction immunitaire. Mais nous avons découvert que celles qui détectent un ADN étranger se trouvent dans le cytoplasme, soit à l’intérieur de la cellule. Pour cette raison, les vaccins à ADN demeuraient inefficaces ». Cette fois, ils ont conçu un nouveau vecteur, appelé 704, constitué de molécules qui portent des charges positives, et de taille assez petite pour se faufiler à travers la membrane et entrer dans la cellule sans déclencher d’endocytose.

Dans un essai sur des souris, l’utilisation de ce vaccin à ADN perfectionné a donné des résultats positifs. « L’introduction de ce vecteur et de la séquence d’ADN adéquat a déclenché une réaction immunitaire et produit des anticorps qui empêchent l’interaction entre le VIH et la protéine CD4 des cellules immunitaires lymphocytes, avec la même efficacité que chez des humains qui synthétisent des anticorps neutralisant à spectre large et qui parviennent à guérir seuls de la maladie », observent les auteurs.

Le vecteur 704 est aussi prometteur dans la prévention du carcinome. Après de premiers essais sur des souris, les tests sur des macaques, avec le même profil immunologique que des patients atteints de ce cancer, ont montré son efficacité. « Grâce au vecteur 704, nous parvenons à déclencher une réponse immunitaire innée très forte », observent-ils. Pour les auteurs, la prochaine étape sera de tester l’innocuité du vaccin à ADN contre le VIH chez des macaques. Si les résultats sont toujours positifs, les scientifiques pourraient tenter une injection chez l’humain dès 2024. « Mais surtout, cette solution, très adaptable et facile à produire, pourra être utilisée dans le cadre de n’importe quelle maladie infectieuse, ou autre pathologie, en mobilisant le système immunitaire », concluent-ils.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Inserm

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