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Vers la fin de l’intolérance au lactose ?

Des chercheurs de l' Inserm basés à Lille ont découvert un mécanisme de régulation de l’expression du gène de la lactase, l’enzyme qui permet de digérer le lactose dans les intestins. Ces scientifiques du Centre international de recherche sur l’inflammation étudient les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), en particulier la rectocolite hémorragique.

L’un des traitements utilisés pour lutter contre cette maladie repose sur l’utilisation d’anti-inflammatoires, les 5-aminosalicylés (5-ASA). Ces molécules ciblent un récepteur nucléaire présent dans les cellules épithéliales de l’intestin : le récepteur PPARγ. Ce dernier transmet des signaux jusqu’au génome, conduisant à une modification de l’expression de différents gènes.

A la recherche de traitements plus efficaces et plus sûrs contre la rectocolite hémorragique, l’équipe teste de nouveaux agonistes activant un récepteur en s'y fixant à la place du messager habituel de PPARγ dans des lignées de cellules épithéliales intestinales en culture.

Pour connaître les effets des molécules testées, les chercheurs ont procédé à une analyse transcriptomique des ARN produits lors de l’étape de transcription du génome, permettant de quantifier l’expression des gènes.. Une telle analyse permet d’identifier et de quantifier l’ensemble des ARN issue de la transcription d'un gène. présents dans les cellules, et donc de connaitre les modifications de l’expression des gènes induites par les agonistes testés.

C’est ainsi que les chercheurs ont constaté, avec surprise, une large surexpression du gène de la lactase, l’enzyme qui dégrade le lactose. "Les résultats étaient sans ambiguïté, il s’agissait du gène le plus hautement régulé par PPARγ", clarifie Benjamin Bertin, responsable de ces travaux.

"Chez tous les mammifères, la production de lactase disparait après le sevrage. Mais chez l’homme, des mutations apparues au cours de l’évolution ont permis le maintien de la synthèse de cette enzyme à l’âge adulte, sachant que ces mutations sont assez hétérogènes selon les populations. De 70 % à 80 % des personnes d’origine caucasiennes produisent cette enzyme à l’âge adulte, mais c’est seulement le cas d’environ 10 % des personnes d’origine asiatique", explique Benjamin Bertin.

Si l’intolérance au lactose ne constitue pas un problème en soi, certaines études l’ont associée à une augmentation du risque de présenter certaines maladies - comme l’hypertension artérielle ou l’ostéoporose - en raison d’évictions alimentaires systématiques.

"Certaines molécules que l’on trouve naturellement dans l’alimentation régulent PPARγ, notamment certains acides gras, catégorie de lipides assurant un rôle fondamental dans la structure des cellules et le stockage de l’énergie. L’idée serait donc de supplémenter des intolérants au lactose avec ces nutriments qui n’ont pas besoin de subir de transformations digestives pour être assimilés par l’organisme, pour qu’ils puissent augmenter leur production de lactase et leur consommation de produits laitiers s’ils le souhaitent", suggère le chercheur.

En attendant, l’équipe a confirmé ses résultats en procédant à des expériences supplémentaires. Les chercheurs ont inactivé PPARγ à l’aide d’ARN antisens spécifiques et observé une baisse de production de la lactase dans des cellules intestinales en culture. Ils ont ensuite administré à des souris et des rats, par voie orale, un agoniste de PPARγ en cours de développement dans la rectocolite hémorragique : ils ont alors constaté, à l’inverse, une augmentation de la production et de la fonction de la lactase. Les scientifiques cherchent désormais à identifier ces fameuses molécules naturelles de l’alimentation qui pourraient être proposées aux intolérants au lactose.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Inserm

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