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Traumatisme crânien : un cocktail issu de plaquettes sanguines pour limiter les séquelles

Les traumatismes crâniens sont des chocs violents causés à la tête par une chute, une agression, un accident sportif ou de la circulation... Il s’agit d’une des principales causes de décès et d’invalidité chez les enfants et les jeunes adultes, quel que soit le pays. Les séquelles neurologiques associées se traduisent par des troubles moteurs ou cognitifs, transitoires ou définitifs. Ces séquelles sont dues à la lésion elle-même, mais aussi à des saignements internes, à l’inflammation ou encore à un stress oxydant qui favorise la mort neuronale. À ce jour, il n’existe aucune solution thérapeutique satisfaisante pour les contrer. La prise en charge des traumatismes crâniens repose donc uniquement sur des mesures individuelles et palliatives.

Mais à Lille, le laboratoire Inserm dirigé par Luc Buée, en collaboration avec la Taipei Medical University de Taïwan, estime que les lysats plaquettaires pourraient apporter un bénéfice aux victimes de ces accidents. Ce produit correspond à un cocktail de molécules issues de plaquettes sanguines prélevées dans le cadre des dons de sang mais non utilisées pour la transfusion. « Les plaquettes favorisent la cicatrisation des plaies et la réparation des tissus. Elles contiennent en effet une centaine de facteurs de croissance, de protéines, de substances nutritives et de molécules anti-inflammatoires "réparatrices" », expliquent David Blum et Thierry Burnouf, coresponsables d’une étude tout juste parue dans la revue Brain.

C’est pourquoi de nombreuses équipes s’y intéressent dans le cadre du développement de la médecine régénérative : l’utilisation de lysats plaquettaires est déjà expérimentée dans le traitement de l’arthrose, pour favoriser la cicatrisation des plaies diabétiques, ou encore contre des maladies du système nerveux central. Les équipes de David Blum et Thierry Burnouf viennent quant à elles de la tester dans des modèles cellulaires et animaux de traumatisme crânien.

Dans deux modèles de souris souffrant de traumatisme crânien, les chercheurs ont appliqué le lysat plaquettaire directement au contact de la plaie. Puis ils ont poursuivi son administration par voie intranasale, à raison d’une dose quotidienne pendant six jours. « Appliquer un produit sur une lésion peut être difficile. Et comme la voie intranasale permet le passage des molécules jusqu’au cerveau, nous privilégierons ce mode d’administration pour la suite », expliquent les chercheurs. « Grâce à ce traitement, les souris ont développé beaucoup moins de troubles moteurs que les animaux qui n’ont pas reçu le lysat. La différence observée entre les deux groupes d’animaux est tout à fait significative », poursuivent-ils.

En étudiant l’effet du traitement au niveau du site lésé, ils ont en outre constaté un niveau d’inflammation et de stress oxydant moindre chez les animaux traités, ainsi qu’une meilleure expression de protéines impliquées dans le fonctionnement synaptique, c’est-à-dire dans la communication entre neurones « Cette biothérapie ne cible pas un mécanisme spécifique, mais un ensemble complémentaire de voies de signalisation qui participent à la neuroprotection. Si nos résultats se confirment, nous disposerons d’une réserve abondante de molécules bioactives simplement en extrayant le contenu de plaquettes inutilisées. Un remède à la portée de tous, dans les pays riches comme dans ceux à ressources limitées », s’enthousiasment-ils.

L’équipe lilloise développe d’ores et déjà des procédés reproductibles et fiables, qui répondent aux normes de bonnes pratiques, pour une future production industrielle de lysats plaquettaires. En parallèle, les chercheurs préparent des études pour cibler d’autres maladies du système nerveux central. Un essai clinique devrait démarrer d’ici trois ans, à l’initiative de David Devos, chez des patients atteints de maladie de Charcot, caractérisée par une dégénérescence des motoneurones. D’autres projets concernent les maladies de Parkinson et d’Alzheimer. À terme, les chercheurs envisagent même de tester ces lysats plaquettaires contre le vieillissement cérébral. « La production de nouveaux neurones diminue avec le temps : le contenu du lysat pourrait prolonger cette neurogenèse », supposent-ils.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Inserm

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