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Stimuler le cerveau par le jeu pour préserver sa réserve cognitive
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Depuis des décennies, les scientifiques tentent de comprendre comment ralentir le déclin cognitif lié à l’âge. Les médicaments n’ont apporté que des résultats limités, incapables de restaurer les capacités naturelles du cerveau. Mais une étude menée à l’Université McGill et à l’Institut neurologique de Montréal (Le Neuro) vient de franchir une étape décisive. Sous la direction du neurologue Étienne de Villers-Sidani, l’équipe a montré que dix semaines d’exercices cognitifs, réalisés avec l’application BrainHQ, pouvaient augmenter significativement la production d’acétylcholine, un neurotransmetteur essentiel à la communication entre neurones. Cette substance, souvent surnommée “la molécule de l’attention”, joue un rôle central dans la mémoire, la concentration et la résolution de problèmes.
Jusqu’à présent, les traitements disponibles, comme les inhibiteurs de la cholinestérase, ne faisaient qu’empêcher la dégradation de l’acétylcholine existante. Aucun n’avait réussi à stimuler sa production. C’est donc la première fois qu’une intervention, médicamenteuse ou non, parvient à “rajeunir” le système cholinergique. Selon le Docteur de Villers-Sidani, les participants ont retrouvé un niveau d’activité cérébrale équivalent à celui d’une personne dix ans plus jeune. L’expérience a été menée auprès de 92 adultes âgés de 65 ans et plus, tous en bonne santé cognitive. La moitié des participants a suivi un entraînement de 30 minutes par jour sur BrainHQ pendant dix semaines, tandis que l’autre moitié jouait à un jeu vidéo classique, sans objectif de stimulation cérébrale.
Les résultats ont été mesurés grâce à la tomographie par émission de positons (TEP), une technique d’imagerie permettant de visualiser l’activité neuronale. Les chercheurs ont utilisé un traceur spécifique, le FEOBV, qui se fixe sur une protéine propre aux neurones cholinergiques. Ce marqueur permet de mesurer la “vitalité” du système cholinergique. En moyenne, la liaison du FEOBV diminue de 2,5 % par décennie entre 20 et 80 ans. Or, après dix semaines d’entraînement, le groupe BrainHQ a montré une augmentation de 2,3 %, compensant quasiment une décennie de déclin naturel. En d’autres termes, un simple programme de jeu bien conçu a réussi là où la pharmacologie avait échoué. Les jeux proposés ne reposent pas sur des activités de mémoire ou de logique classiques, mais sur des exercices spécifiques visant à renforcer la plasticité cérébrale. Le cerveau est stimulé par des tâches de reconnaissance rapide, d’attention visuelle ou de discrimination sonore, toutes conçues pour réactiver les circuits neuronaux de l’apprentissage.
Cette étude confirme une idée longtemps théorique : le cerveau humain reste “plastique” tout au long de la vie. Même chez les personnes âgées, il conserve une capacité d’adaptation et de réparation, à condition d’être stimulé de la bonne manière. Pour le Docteur Henry Mahncke, PDG de Posit Science, l’entreprise à l’origine de BrainHQ, cette découverte est « une preuve tangible que les systèmes chimiques du cerveau peuvent être reprogrammés ». Contrairement à d’autres jeux dits “d’entraînement cérébral” souvent critiqués pour leur manque d’efficacité, BrainHQ s’appuie sur plus de 300 études scientifiques validant ses bénéfices cognitifs. Cette avancée offre aussi un nouvel espoir pour les personnes à risque de déclin cognitif ou de démence. L’équipe de McGill prévoit désormais de tester l’intervention sur des patients présentant des signes précoces d’Alzheimer. Si les résultats se confirment, ce type d’entraînement pourrait devenir un outil thérapeutique complémentaire aux traitements médicaux, ou même une mesure préventive accessible à tous.
L’idée que « le cerveau s’entraîne comme un muscle » prend ici tout son sens. De la même façon que l’exercice physique entretient le cœur et les muscles, l’entraînement cognitif ciblé pourrait préserver la vitalité neuronale et retarder les effets du vieillissement. Les implications sont considérables. Si une telle approche peut renforcer durablement la production de neurotransmetteurs, elle pourrait contribuer à réduire l’incidence des maladies neurodégénératives et les coûts colossaux qu’elles représentent pour les systèmes de santé.
JMIR : https://games.jmir.org/2025/1/e75161
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- Publié dans : Médecine
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