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Les secrets de l'épilepsie dévoilés

L'hippocampe, cette petite région du cerveau située derrière l'oreille, est le siège d'anomalies en cas d'épilepsie temporale. Elle joue un rôle clé dans la mémoire et la reconnaissance des visages ainsi que dans les émotions. Une personne en proie à une crise d'épilepsie temporale ressent une curieuse impression de déjà vu. Elle va, par exemple, se souvenir de sa mère qui jouait du Chopin quand elle avait quatre ans. Ces hallucinations sont accompagnées de mouvements de mâchonnement et de perturbations de la mémoire et du langage. Les travaux menés sur le rat par l'équipe de Yezekiel Ben-Ari ont permis de percer certains des mystères de cette forme grave d'épilepsie. Ils ont en particulier réussi à étayer scientifiquement l'explication du vieil adage: «La crise entraîne la crise.» Car ces dernières provoquent non seulement des lésions, mais aussi une réorganisation du réseau neuronal. Certains neurones bourgeonnent et forment de nouvelles connexions (des synapses) excitatrices avec d'autres cellules nerveuses. Et comme certaines de ces connexions sont aberrantes, elles facilitent l'apparition de nouvelles crises en augmentant l'excitabilité de tout le réseau. «Il faut à tout prix empêcher que les crises ne durent, même si elles sont relativement bénignes, afin de prévenir leurs effets à long terme, via la formation d'un foyer qui risquerait de s'allumer bien plus tard», résume Y. Ben-Ari. Une anoxie, une mauvaise oxygénation du cerveau à la naissance, conséquence d'un accouchement difficile, peuvent être à l'origine d'une sclérose de l'hippocampe qui ne se manifestera que beaucoup plus tard, après la puberté, par des crises d'épilepsie temporale. En 1999, l'équipe de Y. Ben-Ari a montré que des substances aussi courantes que le café consommé par les femmes enceintes quelques heures avant l'accouchement peuvent entraîner des crises chez le foetus si leur consommation est suivie durant la phase de travail d'une baisse de l'irrigation du cerveau du bébé.«C'est dire l'importance de s'intéresser à tous les événements - prise de médicaments, exposition à des toxiques - qui surviennent en cours de grossesse car ils sont susceptibles de retentir sur le développement cérébral du foetus tout en ne se manifestant que des années après, une fois le développement du cerveau terminé», souligne ce directeur de recherche. Il n'est pas impossible de penser que certaines formes de schizophrénie ou de dyslexie graves sont liées à un «environnement», au sens le plus large, perturbé durant la grossesse susceptible de provoquer un mauvais positionnement (ectopie) de certains groupes de neurones. «Tout facteur qui aura modifié l'activité neuronale du foetus durant sa vie intra-utérine aura des conséquences considérables sur un système nerveux en plein développement», ajoute-t-il, plaidant pour la mise en oeuvre de recherches dans le domaine de la physiologie intégrée. Un secteur de recherche fort mal pourvu dans notre pays et qui devrait être développé dans le futur Institut de neurobiologie de la Méditerranée. Enthousiaste, Y. Ben-Ari espère que le bâtiment, construit par l'architecte de la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie, dans un site magnifique, sur le campus de Luminy, à Marseille, sortira de terre d'ici à 2003. Objectif: créer un centre de recherches multidisciplinaires spécialisé dans l'étude des mécanismes de maturation cérébrale, de la plasticité neuronale des épilepsies et des accidents cérébraux vasculaires, qui touchent plus de cent mille personnes par an.

Figaro : http://www.lefigaro.fr

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