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Se servir des virus comme nouveaux alliés thérapeutiques

C'est un plaidoyer vibrant pour nos «amis» les virus que lancent dans la revue américaine Science, deux chercheurs de la Montana State University. Leur objectif : utiliser les virus pour transporter des médicaments vers leur cible ou encore améliorer l'imagerie médicale avec une précision jamais atteinte. Les virus sont en effet de vraies machines à infester une cellule, à utiliser sa machinerie pour y reproduire tous ses constituants, les assembler en une enveloppe, à emballer son ADN ou son ARN et à se faire expulser pour aller recommencer dans une autre cellule.

Trevor Douglas et Mark Young ne voient pas les virus comme de terrifiants tueurs, mais plutôt comme de paisibles camions moléculaires : des icosaèdres (corps solide à vingt faces) faits de sous-unités identiques, de 18 à 500 milliardièmes de mètre de long ; ou des filaments de plus de 2 millionièmes de mètre. On peut dans cet arsenal, à partir de cette panoplie de blocs, d'unités d'assemblage protéiques, se constituer une flotte de virus à tout faire.

Première cible des chercheurs, la couche interne de la capsule virale : tous les virus y emballent leur génome, et on sait utiliser ces emballages pour y embarquer d'autres cargaisons non virales. Un virus végétal le CCMV (Cowpea Chlorotic Mottle virus) peut ainsi servir de minuscule sphère creuse où peuvent croître et grandir des cristaux microscopiques de sels de tungstène, de molybdène ou de vanadium.

Selon la revue Swiss Engineering (août 2003), le CCMV a une enveloppe «comme un tricot qui se rétrécit quand l'acidité augmente, et se rallonge quand elle diminue. Une substance donnée peut passer au travers des mailles si elles sont suffisamment relâchées». On sait aussi modifier la charge électrique de cette enveloppe interne sans changer sa solidité. Là encore des cristaux d'oxydes ferreux peuvent y incuber, ils serviront à étudier l'interface entre un métal et un tissu biologique, c'est un élément capital de l'étude des biomatériaux.

Des molécules peuvent être attachées à des radicaux chimiques spécifiquement conçus et inclus dans l'enveloppe virale : on a même produit une microcage faite de protéines, ayant la forme et la taille de virus, pour le transport et la délivrance à distance de médicaments anticancer comme la Doxorubicine. Tout le temps du transport, le médicament reste protégé, n'est pas métabolisé, contrairement à ce qui se passe lors d'une injection directe dans le sang.

A la surface du virus se trouvent des molécules de reconnaissance qui dirigent la particule vers une cible spécifique et lui permettent d'échapper à la surveillance immunitaire. Là encore on peut reprogrammer les virus pour qu'ils présentent à leur surface des protéines, des hydrates de carbone, des acides nucléiques ou des anticorps qui les redirigent vers d'autres cibles.

Figaro-

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