RTFlash

Matière

La Russie construira des centrales nucléaires flottantes

La Russie envisage de construire des micro-centrales nucléaires flottantes, une entreprise sans précédent dans le monde et qui devrait aider à résoudre le problème de l'approvisionnement en énergie des régions éloignées du Grand Nord et de l'Extrême-Orient russes. La population de ces régions où les températures baissent jusqu'à moins 40 degrés en hiver souffrent du froid, les autorités locales étant incapables d'assurer un minimum de chauffage et d'approvisionnement en électricité, faute d'argent pour constituer des réserves de fioul ou de charbon. L'usine Sevmach, constructeur de sous-marins nucléaires, à Severodvinsk (nord), est prête à lancer à partir de l'année prochaine la construction d'une première micro-centrale flottante équipée de deux réacteurs KLT-40C d'une puissance totale de 70 mégawatts, a indiqué à l'AFP Evgueni Kouzine, directeur général de la société Malaïa Energuetika qui met au point le projet. Les plus puissantes centrales nucléaires russes produisent jusqu'à 4.000 mégawatts d'électricité chacune. Le réacteur KLT-40C utilisé dans des brise-glaces russes est exploité avec succès depuis plus de 35 ans dans le Grand Nord. La micro-centrale ressemblera à un brise-glace et sera transportée sur les lieux de son exploitation par un remorqueur. Elle restera solidement ancrée en mer, près de la côte, pendant toute sa période d'exploitation estimée à 40 ans. Elle fournira non seulement l'électricité, mais aussi le chauffage, à l'aide de tuyaux qui la relieront à une sous-station sur la terre ferme. Les 60 spécialistes qui exploiteront le réacteur vivront à bord de la plate-forme flottante. Le projet technique a été approuvé par le ministère de l'Energie atomique. Une décision de Rossenergoatom, organisme qui gère l'exploitation de toutes les centrales nucléaires en Russie, est attendue au premier trimestre 2003 pour débloquer le financement. Malaïa Energuetika a déjà signé des lettres d'intention avec trois régions russes sur la construction de telles centrales dans les villes de Severodvinsk (région d'Arkhangelsk), Pevek (Tchoukotka) et Vilioutchinsk (Kamtchatka), a indiqué à M. Kouzine. La première doit être mise en place à Severodvinsk pour approvisionner en énergie l'usine Sevmach, son constructeur. La construction d'une centrale flottante devrait durer cinq ans et coûter l'équivalent de près de 150 millions de dollars. "C'est beaucoup plus rapide et quatre fois moins cher que la construction d'une centrale de la même puissance au sol", assure M. Kouzine. Plusieurs organisations écologistes dont Bellona et Greenpeace ont critiqué le projet, mettant en doute son intérêt économique et estimant qu'il représente un danger pour l'environnement et "une nouvelle cible pour les terroristes". "Le projet a passé avec succès une expertise écologique au ministère russe des Ressources naturelles", réplique M. Kouzine. Dans le cadre du même projet, les spécialistes russes en collaboration avec une société canadienne, Candesal Technologies, mettent au point une technologie qui permettra de dessaler l'eau à l'aide de l'énergie nucléaire de la micro-centrale. Un tel complexe flottant composé de deux plate-formes, nucléaire et de dessalement, pourrait être exporté "dans les pays qui possèdent une côte étendue, l'Indonésie, l'Inde, le Pakistan ou la Chine", selon M. Kouzine. "Pour que le projet ne viole pas nos engagements sur la non-prolifération, nous sommes en train de modifier la composition du combustible qui sera utilisé pour le dessalement, en réduisant le pourcentage de l'uranium enrichi", a expliqué M. Kouzine.

AFP : http://fr.news.yahoo.com/021120/202/2uwa8.html

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top