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Le risque cardiaque serait largement surestimé

Le Collège américain de cardiologie (ACC) et l’Association américaine du cœur (AHA) ont mis à disposition fin 2013 une méthode de calcul synthétique destinée à aider les médecins à estimer, de façon précise, les risques encourus par leurs différents patients, l’ACC et l’AHA : l’ACC/AHA Pooled Cohort Risk Equation. Outre les habitudes de vie des patients, le calculateur prend en compte leur âge, leur sexe, ainsi que leur origine ethnique (certaines variations génétiques liées à des sur-risques étant plus fréquentes dans certaines populations).

Mais, rapidement, des chercheurs de plusieurs pays ont émis des doutes sur la fiabilité de l’équation : en appliquant les règles de calcul à des populations suivies dans certaines études antérieures, les risques de maladie cardiovasculaire obtenus semblaient supérieurs à ceux réellement observés. Les données utilisées pour créer le calculateur dérivaient d’études menées dans les années 1990, et intégrant des volontaires d’essais cliniques d’origines ethniques peu diversifiées, et dans des classes d’âges assez limitées.

Des chercheurs californiens ont souhaité tirer l’affaire au clair, en utilisant les dossiers médicaux informatisés de 307.591 individus de 40 à 75 ans, non-diabétiques et non traités par statines, de tous âges et toutes origines, et en recensant les accidents cardiovasculaires survenus entre 2008 et 2013. Pour toutes les catégories de population et pour tous les âges, l’ACC/AHA Pooled Cohort Risk Equation surévaluait effectivement les risques. En moyenne, là où le risque annoncé à cinq ans était de "moins de 2,5 %", l'incidence réellement observée n’était que de 0,2 %.

Pour un risque évalué "entre 2,5 % et 3,74 %", l'incidence réelle n’était que de 0,65 %. Pour la fourchette suivante (risque estimé entre 3,75 % et 4,99 %), l'incidence réelle restait inférieure à 1 %. Enfin, pour les individus pour lesquels les estimations étaient les plus pessimistes (risque égal ou supérieur à 5 %), seuls 1,85 % d’entre eux avaient réellement vécu un accident cardiovasculaire.

Une estimation a également été réalisée à partir de 4.242 dossiers médicaux de patients diabétiques. Pour les patients dont le risque était calculé "inférieur à 2,5 %", l’estimation semble là encore très largement surévaluée. Pour les autres groupes, l’incidence observée était globalement conforme aux prévisions du calculateur. Selon les auteurs de ces travaux (publiés dans la revue officielle de l’ACC), plusieurs erreurs méthodologiques auraient été commises par les concepteurs de l’outil.

Ainsi, la population initialement analysée n’était pas représentative, s’agissant de volontaires d’essais cliniques, avec des profils socio-économiques, ethniques, d’âge, et des antécédents médicaux particuliers. Les chercheurs notent en outre que les stratégies de prévention et de diagnostic ont énormément progressé en deux décennies. Les chercheurs californiens considèrent qu’un calculateur comme celui proposé par l’ACC/AHA pourrait constituer, s’il était recalibré, un outil utile pour les médecins.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Science Direct

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