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La résistance sort de l'ombre

Orwell l'a imaginé, Internet l'a fait ! Lorsqu'il écrit 1984, il y a plus d'un demi-siècle, le romancier britannique ne se doute certainement pas que Big Brother, incarnation virtuelle d'un pouvoir tutélaire omniprésent et omniscient qui espionne les foules dans les moindres recoins de leur intimité pour mieux les contrôler, trouverait une seconde jeunesse à l'aube des années 2000. La faute au progrès technologique, commencent à dire certaines voix. L'inquisition généralisée « devient tout à fait réalisable, voire banale, grâce à l'Ordinateur doublé de la Toile », prévient François Brune dans son dernier ouvrage Sous le soleil de Big Brother (L'Harmattan).« L'organisation de notre 'cité' n'est pas la même, pas tout à fait ; mais tout se passe comme si, et les satellites désormais nous suivent à la trace, et le vertige d'Internet ne semble subjuguer les humains que pour mieux les ficher. »Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'actualité ne donne pas tort à l'essayiste français. En juin dernier, des parents américains découvrent non sans stupeur que la société Mattel espionne leur progéniture grâce à un mouchard informatique caché dans un CD-ROM ludo-éducatif. Le 24 octobre, le gouvernement de Tony Blair autorise les entreprises anglaises à surveiller les courriers électroniques et les communications téléphoniques de leurs employés, et ce sans leur consentement. Et, en décembre prochain, c'est le Conseil de l'Europe qui devrait ratifier un projet de convention sur la cybercriminalité encourageant ni plus ni moins les Etats à développer leurs propres systèmes de surveillance du Réseau. A l'instar du logiciel Carnivore, mis en place par les services secrets américains pour intercepter, au niveau inter national, les e-mails comportant des termes jugés suspects, comme « attentat » ou « drogue ». Chassez Echelon, et il revient au galop !Au détail près que la résistance commence à s'organiser. La Global Internet Liberty Campain (GILC), coalition internationale qui regroupe vingt-huit associations, au premier rang desquelles la française Imaginons un réseau Internet solidaire ! (Iris), n'a pas tardé à riposter. Elle vient de lancer une cybercampagne pour dénoncer les « sérieux dangers » que ferait porter sur les libertés individuelles et publiques l'adoption d'un tel traité - qui entend par ailleurs obliger les fournisseurs d'accès à Internet à conserver et à contrôler toutes les correspondances de leurs abonnés. Des dangers que la fameuse « société de l'information » fait peser sur les individus il est également question dans le dernier ouvrage de Jeremy Rifkin, L'Age de l'accès (La Découverte). L'économiste américain arrive à la conclusion que l'avènement de la Netéconomie sonne purement et simplement le glas de la vie privée. « Dans la nouvelle économie en réseau, l'accès à des données privées d'ordre existentiel, telles que le style de vie ou les pratiques de consommation de tel ou tel individu, devient une marchandise convoitée et une forme d'actif immatériel fort recherchée. » Résultat, les marchands du Web se livrent à une véritable traque au cyberconsommateur. Leur arme préférée : le cookie, petit programme informatique qui permet d'enregistrer, à son insu, tous les déplacement d'un internaute sur la Toile. Croisé avec des fichiers nominatifs, il s'avère redoutable pour dresser le portrait-robot d'un client potentiel et atteindre sa cible au coeur. Autant se le tenir pour dit : Big Brother est entré dans les moeurs !

Le Monde :

http://interactif.lemonde.fr/article/0,3649,2858-3824-111260-0,FF.html

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