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Renouvellement du parc nucléaire : un rapport parlementaire plaide pour le choix du réacteur EPR

Les conclusions du dernier rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPCST) ont le mérite de la clarté : «La France doit engager sans délai la construction d'un démonstrateur tête de série EPR.» Au terme de 110 heures d'audition de 180 personnalités du secteur, françaises et étrangères, les conclusions des députés Claude Birraux (UMP, Haute-Savoie) et Christian Bataille (PS, Nord), auteurs du rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques consacré à «la durée de vie des centrales et les nouveaux types de réacteurs», sont on ne peut plus explicites. En plein «débat national» sur l'énergie organisé par le gouvernement, cette prise de position des deux députés réputés pour le sérieux de leurs travaux précédents sur la question - n'est pas anodine. Ce rapport, publié en plein débat national sur l'énergie, conforte ceux qui souhaitent que la relève du parc nucléaire actuel soit organisée sans tarder. Car l'EPR (European pressurized water reactor) est un réacteur nucléaire franco-allemand conçu dans les années 90 par Framatome et Siemens, destiné à prendre progressivement la relève de ceux en fonctionnement dans les centrales EDF. Pour les deux députés, «si le gouvernement décide de suivre nos recommandations, il doit inscrire dans sa loi d'orientation sur l'énergie prévue à l'automne prochain la décision de construire un EPR». Les conclusions des deux élus traduisent les préoccupations des acteurs du nucléaire. Comme l'a expliqué lors de son audition par l'Office parlementaire le président d'EDF, François Roussely, «il faudrait pouvoir mettre en service un démonstrateur EPR à l'horizon 2010, ce qui veut dire, compte tenu d'un temps de construction de six ans, pouvoir en démarrer le chantier à court terme». L'idée étant d'exploiter ce premier prototype jusqu'en 2015, date à laquelle, après un premier retour d'expérience, pourrait démarrer la construction d'une série de sept ou huit EPR dans l'Hexagone. Juste à temps pour prendre la relève du parc français. Car en 2020, 14 réacteurs français auront 40 ans. Et ce sera également le cas de 34 autres en 2025. «La durée de vie des centrales françaises pourra-t-elle atteindre voire dépasser une durée de vie de 40 ans ? Cela devra être jugé au cas par cas en fonction de l'état de la cuve et de l'enceinte de confinement», répondent les deux députés. Compte tenu de ce calendrier, une décision rapide équivaut à «la tranquillité d'esprit que demande l'exploitant». Partant du constat que c'est uniquement à l'occasion des visites décennales que l'Autorité de sûreté nucléaire peut prolonger de dix ans la durée de vie des centrales, les auteurs du rapport plaident à cet égard pour que «la durée des autorisations soit désormais fixée à 20 ans, afin d'assurer une meilleure visibilité à long terme à l'exploitant». L'un des soucis des auteurs du rapport, à l'instar des constructeurs et exploitants de centrales en France, est de «lisser le renouvellement «pour éviter l'effet de falaise» qu'on a connu en France au début des années 80, au cours desquelles les investissements massifs ont été concentrés. Chaque année de prolongation de la durée de vie d'un réacteur déjà amorti représente en effet 100 millions d'euros d'économie en terme de coûts de production par rapport à un réacteur neuf, soit un milliard d'euros d'économies pour une prolongation de dix ans. L'idée est également d'«éviter que ne se produise un défaut générique qui rende inutilisables les tranches nucléaires dans des conditions optimales». Sur ce point, le directeur de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) André-Claude Lacoste a d'ailleurs fait part de ses craintes lors de son audition : «le fait que les 58 réacteurs français aient été construits par Framatome et soient gérés par le même exploitant EDF est une situation unique. Cela nous conduit à avoir une obsession, celle d'un problème de sûreté générique et grave.» Le fait de se prononcer en faveur d'un EPR n'est pas un choix exclusif, soulignent les auteurs. «Si certaines centrales ne passent pas avec succès leur visite décennale pour durer jusqu'à cinquante ans, on peut envisager un cycle combiné au gaz. Mais il existe la pression du protocole de Kyoto et si la France dépasse ses quotas d'émissions de gaz à effet de serre, on aura besoin de toutes les formes d'énergies, y compris les renouvelables». D'autant qu'entre-temps, la demande d'électricité aura crû de 33 % d'ici à 2020, estiment les experts. Et qu'EDF s'est fixé pour objectif de faire tomber la part du nucléaire dans la consommation électrique de 85 % à 66 % à l'horizon 2050. La construction d'un démonstrateur EPR, moins cher (10 % de moins que le réacteur actuel N4 selon Framatome et 20 % de moins qu'un cycle combiné à gaz), plus propre (produisant moins de déchets) et plus sûr que les réacteurs actuels, représenterait un atout décisif pour l'industrie française. Car il existe un véritable marché aujourd'hui dans le monde, aux États-Unis, en Inde et en Chine. Comme l'explique Vincent Maurel, président de Framatome ANP. Il faut enfin souligner que la technologie mise en oeuvre par le réacteur EPR est particulièrement bien adaptée à la production massive, propre et peu onéreuse d'hydrogène par electrolyse. Or si nous voulons qu'en 2050 l'hydrogène représente 20 % de notre consommation énergétique il faudra multiplier la production actuelle d'hydrogène par 26. Dans cette perspective le choix du réacteur EPR pour le renouvellement du parc nucléaire français apparait également comme particulièrement intéressant.

OPECST : http://www.assemblee-nationale.fr/12/rap-oecst/i0832.asp

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