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La recherche veut réconcilier informatique et émotion

Emotion et informatique, cela semble deux notions totalement étrangères. Irréconciliables. Ce sont pourtant ces deux notions qui sont réunies dans une discipline nouvelle en pleine expansion aux Etats-Unis : l'informatique affective (Affective Computing). Un domaine interdisciplinaire que connaît bien Christine Lisetti qui a contribué à le faire émerger. Professeur du Département Communications Multimédia de l'Institut Eurécom à Sophia Antipolis, elle a monté un groupe de recherche sur ce sujet au sein de son département. Ce que recouvre ce terme d'informatique affective ? "Il s'agit de prendre en compte le rôle des émotions dans la cognition afin d'améliorer l'interaction homme-machine", explique Christine Lisetti. "L'intérêt de cette discipline ? Il est multiple. De plus en plus, les nouvelles technologies sont présentes dans notre vie quotidienne, mais n'ont pas le volet interface qui rend la technologie plus abordable pour l'usager. L'informatique affective, en améliorant l'interaction homme-machine, aide à faire en sorte que les ordinateurs s'adaptent à l'homme et non l'inverse. Son intérêt peut également être trouvé dans des domaines comme la sécurité dans les transports.

Il est possible d'imaginer par exemple des capteurs qui fassent remonter vers un ordinateur des données physiologiques (battements du coeur, tension, réponse galvanique de la peau, température du corps) et qui permettent de donner l'alerte en cas de signes de fatigue ou de stress du conducteur. L'informatique affective peut être utilisée aussi en télémédecine pour monitorer des patients à distance et améliorer leur qualité de vie, ou encore dans le e-training avec la mise en place d'avatars ayant des capacités d'intelligence sociale pour adapter leur rythme et style d'enseignement à l'état émotionnel de l'étudiant, à son attitude ou sa personnalité."

Un autre des domaines d'avenir de l'intelligence affective se trouve dans la robotique. "Je reviens des Etats-Unis où j'ai visité le Centre de Robots pour la Recherche et le Sauvetage Urbain à l'Université de South Florida avec lequel je collabore", explique Christine Lisetti. "Des robots ont été conçus pour assister les pompiers et les médecins dans des situations de catastrophe difficiles d'accès aux humains. Encore faut-il que, pour que les missions soient réussies, les robots ne viennent pas effrayer encore un peu plus des victimes déjà traumatisées parce qu'elles ont subi. Il faut donc que ces robots puissent interagir avec des modes d'expression que les humains comprennent facilement. Autre type d'utilisation : l'envoi d'équipes mixtes humains-robot dans l'exploration de Mars par la NASA avec laquelle je collabore sur un projet de simulation d'activités humaines. Ces robots doivent être capables de percevoir l'état affectif de l'astronaute humain et de communiquer avec les autres membres de l'équipage."

Les exemples d'utilisation de l'intelligence affective pour la construction de robots pourraient être multipliés. Les robots vocaux, au téléphone, pourraient reconnaître et s'adapter à l'état émotionnel de la personne qui appelle. Savoir si elle est en colère, si elle panique, stresse, est triste, etc. et adapter sa réponse en conséquence. Christine Lisetti a aussi commencé des collaborations avec des chercheurs du Laboratoire I3S CNRS à Sophia-Antipolis, notamment avec des experts sur les battements du coeur et la respiration - des signaux physiologiques très liés aux émotions.

SN

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