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Réchauffement climatique : le dérèglement des cycles de végétation menace l'agriculture

Les fortes chaleurs qui sévissent en France depuis ces dernières semaines ont bouleversé les cycles de végétation dans l'agriculture, entraînant une croissance et une arrivée à maturation précoce des cultures, alimentant les craintes des agriculteurs. "Toutes les floraisons sont avancées de 15 jours à trois semaines", explique Sophie Le Mouël, porte-parole de l'interprofession des fruits et légumes (Interfel).

"Actuellement, on se retrouve avec des productions qui arrivent à maturation plus tôt que prévu, par exemple les fraises et les asperges, et sur lesquelles on constate actuellement un afflux rapide au niveau des volumes" sur le marché, ajoute-t-elle. Selon les producteurs du secteur, le risque est alors grand de se trouver avec une offre disproportionnée de certains produits par rapport à la demande, faisant craindre des difficultés quant à l'écoulement de la production et la perte d'une partie d'entre elle.

A l'inverse, certains arbres fruitiers comme les abricotiers, souffrent du manque de froid, et pourraient se voir confrontés à des baisses de rendement liées à des conditions moins favorables pour la fécondation ou la mise à fruit, indique Interfel. Chez les céréaliers, les cultures sont également très précoces, la chaleur du mois d'avril ayant renforcé un phénomène de dérèglement des cultures observé depuis septembre et alimenté par un hiver clément.

"On est en avance d'une vingtaine de jours en moyenne. C'est du jamais vu", déclare un des spécialistes du blé d'Arvalis, organisme de recherche appliquée agricole financée par les producteurs. "Les moissons devraient en conséquence être avancées d'une bonne quinzaine de jours" ajoute-t-il. Même constat chez les producteurs viticoles, qui voient la feuillaison des plants de vignes avancée de plusieurs semaines, mais craignent cependant qu'un éventuel retour brutal de la fraîcheur ne vienne provoquer d'importants dégâts, compromettant définitivement les récoltes.

En Champagne, grâce aux températures "estivales" du début avril, "la végétation a donné naissance aux brins porteurs de la future récolte avec une avance de deux à trois semaines par rapport à l'habitude", note Jean-Michel Pottiez, directeur général de la marque de champagne Jacquart.

Par conséquent, "une gelée printanière serait d'autant plus fatale que l'apparition des feuilles est déjà complète", s'alarme-t-il.

Outre un bouleversement des cycles végétatifs, les températures élevées d'avril font resurgir chez les agriculteurs le spectre d'une nouvelle sécheresse, qui ne manquerait pas d'entraîner des problèmes d'approvisionnement en fourrage, de mauvais rendements de certaines cultures ou de pénurie d'eau pour l'irrigation des cultures, expliquent les professionnels.

Plusieurs départements français ont d'ailleurs déjà pris des mesures de restriction sur l'utilisation de l'eau, craignant que l'irrigation, qui représente jusqu'à 90 % de la consommation d'eau en France l'été, ne démarre plus tôt que d'habitude.

AFP

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