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Edito : Quelle énergie pour demain : un choix vital qui va décider du sort de l'humanité

La hausse moyenne de la température de l'atmosphère terrestre pourrait atteindre 5,8° C au cours du XXIe siècle. Voici ce qu'ont annoncé les spécialistes de l'ONU à Shanghai le 22 janvier et qu'ils ont redit avec force ces jours derniers à tous les ministres de l'environnement du monde entier réunis à Nairobi.« Le rythme des changements climatiques durant le siècle qui commence devrait être plus élevé qu'au cours des 10.000 dernières années » estime Sir John Hougthon, co-président de la Conférence de Shanghai. Une telle affirmation devrait nous faire froid dans le dos quand nous prenons conscience de toutes les conséquences qu'un tel changement subit pourrait avoir sur notre planète et sur les hommes qui l'habitent (zones côtières inondées, sécheresses dans certaines régions, pluies diluviennes dans d'autres, ouragans, sans compter les conséquences des profonds déséquilibres des écosystèmes). Et pendant ce temps là, des gouvernements irresponsables, dont les priorités sont plus à rechercher dans les poubelles de la démagogie que dans une volonté clairement exprimée de préparer l'avenir de nos enfants et petits-enfants, ne sont même pas capables de trouver un accord minimal pour arrêter cet énorme gâchis.Si rien n'était fait alors que les émissions de gaz carbonique (principal responsable de l'effet de serre) liées à l'activité humaine atteignent déjà 6,8 milliards de tonnes par an, celles-ci pourraient atteindre 29 milliards de tonnes en 2100. Les Etats-Unis qui sont à la base du blocage du processus de Kyoto décidé en 1997 (qui avait pour finalité de stabiliser et de réduire les émissions de gaz à effet de serre) et qui sont responsables du récent échec de la Conférence de La Haye porteraient une terrible responsabilité dont ils devraient rendre compte devant l'Humanité si, très rapidement, ils ne changeaient pas fondamentalement leur stratégie. Or, malheureusement, le Président Bush ne s'est pas montré, pendant sa campagne, un ardent défenseur de l'Environnement puisqu'il a même affirmé que toutes les annonces faites sur l'effet de serre depuis plusieurs années par la communauté scientifique reposaient sur des bases erronées... Et pourtant les scientifiques ont tenu pendant de longues années à affiner leurs modèles mathématiques de simulation avant de nous adresser le cri d'alarme qui devrait perforer le tympan de chacun. Même si cela n'était considéré que comme une anecdote par certains, tout être sensé ne peut-il être marqué lorsque les météorologues nous disent objectivement, les thermomètres n'étant pas influençables par les pré-supposés de l'Homme, que la décennie 90 a été la plus chaude du XXe siècle, que le XXe siècle a été le plus chaud de tout le millénaire. Nous venons même d'apprendre que l'année 2000 a été en France, avec 1994, l'année la plus chaude du siècle... et ce ne sont pas les 15 à 18° C relevés sur l'ensemble de la France en ce début de février 2001 qui vont faire baisser la moyenne ! Je sais qu'il est ridicule, me dirait un spécialiste des Sciences de la Terre, de prendre en considération le mois, l'année ou même le siècle quand on veut parler de l'histoire de notre planète. Mais ne peut-on quand même pas reconnaître que tous les éléments convergent de façon inquiétante quand on peut prouver (grâce aux carottes de glaces prélevées sur la calotte glaciaire de l'Antarctique) que jamais depuis plusieurs dizaines de milliers d'années, il n'y avait eu une telle concentration d'oxyde de carbone dans l'atmosphère. Ce drame des temps modernes s'est noué il y a quelque 250 ans avec la révolution industrielle quand l'homme a commencé, en brûlant du charbon et ensuite du pétrole, à puiser dans les énergies fossiles que pendant des centaines de millions d'années notre Terre avait su si bien isoler de l'atmosphère. Ainsi, depuis 1750, ce qui n'est que le temps d'une étincelle dans la déjà longue histoire de notre planète, la concentration d'oxyde de carbone a augmenté de 31%. Là où il aura fallu des milliards d'années pour mettre 76 particules d'oxyde de carbone dans un volume de référence, il n'aura fallu que 250 ans pour en ajouter 24 et si rien n'était fait, il y aurait dans l'atmosphère plus d'oxyde de carbone produit par l'homme dans le seul XXIe siècle que la terre n'en aurait émis naturellement. La priorité des priorités de tous ceux qui portent des responsabilités (les gouvernements mais aussi les industries) dans le choix des énergies nécessaires à l'activité humaine est de sans tarder mettre en oeuvre tous les moyens dont ils peuvent disposer pour qu'en quelques courtes décennies nous ne soyons plus obligés de brûler des énergies fossiles et sans obliger pour autant l'Homme à retourner dans les cavernes. Il suffit d'observer le fonctionnement de notre Univers et plus prosaïquement encore de notre nourrice la Terre pour ressentir que c'est bien dans le soleil et dans l'eau, sans lesquels il n'y aurait pas de vie, que nous devons trouver la voie de l'Avenir. Le soleil nous démontre chaque jour que c'est bien dans la fission et la fusion de l'atome que se régénère sans cesse l'énergie la plus efficace. L'eau qui est l'amie intime de la vie et vecteur naturel de l'énergie est composée des deux éléments essentiels, l'hydrogène et l'oxygène, qui sont au centre de tous les process énergétiques. Depuis plus de 50 ans, l'Homme maîtrise les technologies qui permettraient de totalement remplacer les énergies fossiles. Mais le puissant lobbying des industries pétrolières, qui a su s'infiltrer avec cynisme dans la vie politique des Démocraties, associé à un scoutisme écologiste qui fait fausse route, ont fait dévier nos peuples de la vérité. Sans tarder, toutes les démocraties qui ne sont pas sous influence doivent se lever, s'unir et ouvrir la voie par où passera l'avenir de l'humanité. Si nous ne savions pas le faire, il serait à craindre que dans quelques courtes décennies, saisis par la panique, les gouvernements, pour lutter contre le réchauffement inexorable de l'atmosphère, prennent des mesures insupportables qui feraient entrer nos civilisations dans une terrible ère glaciaire.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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